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Vers une liberté définie : Creative Commons et le mouvement du logiciel libre

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–  dimanche 31 juillet 2005, par Benjamin Mako Hill

Les promoteurs de Creative Commons (CC), dont Lawrence Lessig, sont régulièrement invités aux discussions publiques sur les logiciels libres et Open Source (FOSS : Free and Open Source Software)
 [1].
CC fait partie d’un courant qui souhaite appliquer les principes du Logiciel Libre au-delà du code informatique. Ses acteurs et défenseurs le présentent comme une des plus importantes tentatives pour adapter les principes du logiciel libre à des formes d’expression moins « techniques » telles que la musique, la littérature ou les arts plastiques.

Une filiation revendiquée

Il faut voir plus qu’une simple coïncidence dans cette tendance à rapprocher CC du logiciel libre. Le site web de Creative Commons établit fièrement sa filiation avec, notamment, la Licence Publique Générale GNU (GNU GPL) de la Free Software Foundation (FSF). Plusieurs éminences de Creative Commons (Lawrence Lessig, James Boyle et d’autres) ont contribué significativement aux débats philosophiques et juridiques sur le logiciel libre avant de lancer Creative Commons.

Même si la licence GPL est l’artefact légal le plus connu du Logiciel Libre, le logiciel libre en tant que concept, mouvement et corpus de code informatique et de licences juridiques préexistait à la GPL. Si la lettre de la GPL est régulièrement actualisée
 [2],
l’esprit du logiciel libre demeure inchangé. D’autres licences juridiques très éloignées de la GPL sont d’ailleurs unanimement considérées comme libres. La GNU GPL n’est qu’une licence libre parmi d’autres ; historiquement elle est relativement récente et plutôt atypique.

Le texte de référence qui fonde la notion de Logiciel Libre est la Définition du Logiciel Libre (ou FSD : Free Software Definition) de Richard Stallman
 [3].
Les quatre libertés constituant le coeur du logiciel libre y sont énoncées :

  1. la liberté d’exécuter le programme pour tout usage ;
  2. la liberté d’étudier le fonctionnement du programme et de l’adapter à ses besoins ;
  3. la liberté de redistribuer des copies et d’aider autrui ;
  4. la liberté d’améliorer le programme et de publier ses améliorations, au service de toute la communauté.

Un logiciel dont la licence assure toutes ces libertés est un logiciel libre. Un logiciel dont la licence n’assure pas toutes ces libertés n’est pas un logiciel libre. Ainsi une clause d’attribution - obligeant à mentionner la paternité de l’oeuvre - ne viole aucune des quatre libertés, et une licence contenant une clause d’attribution peut donc être libre. Au contraire, une clause d’usage « non commercial » restreint la première liberté : les licences non commerciales (abrégées « nc » dans la typologie Creative Commons) ne sont donc pas libres.

Le logiciel libre est agnostique en terme de licences juridiques : peu importe la licence, pourvu qu’elle satisfasse les quatre libertés fondamentales mentionnées ci-dessus. Ainsi le concept de « copyleft » illustré dans la GPL (également appelé « share alike » (sa) par Creative Commons, et parfois traduit en français par « gauche d’auteur »), est souvent considéré à tort comme synonyme de « logiciel libre » alors qu’il n’est pas imposé par la Définition du Logiciel Libre. C’est l’ouverture générique de la Définition du Logiciel Libre qui permet aux partisans du copyleft de travailler main dans la main avec des libertariens anti-copyleft, malgré la préférence donnée à des licences différentes.
C’est l’exactitude de la définition formelle du Logiciel Libre qui empêche la dilution du concept de logiciel libre.

La définition du Logiciel Libre (et la notion de liberté qu’elle sous-tend) est mise à profit comme point de convergence d’un mouvement social puissant.
La « liberté » du logiciel, comme la « liberté » dans tout mouvement de libération, est une chose précise que l’on peut exiger, pour laquelle on peut se révolter et que l’on peut travailler à atteindre.
Les mouvements du Logiciel Libre et de l’Open Source sont à l’origine du système d’exploitation GNU/Linux et d’une masse inimaginable de code informatique librement accessible. Pour les fondateurs de Creative Commons ainsi que pour nombre de ses partisans, c’est surtout ce succès qui en fait un modèle exemplaire.

On peut être tenté de voir dans les Creative Commons un moyen de transposer la réussite du Logiciel Libre dans la littérature, la musique et les arts visuels. Mais on réalise rarement que Creative Commons - en tant qu’organisation ou mouvement - n’établit aucune frontière précise et ne promet aucune liberté, aucun droit, ni aucune revendication définie.

La liberté du choix individuel

Creative Commons a été lancé en même temps que la « Licence des Fondateurs » (Founders’ Copyright License) qui ramène la durée de l’exclusivité accordée à l’auteur à 14 ans, c’est-à-dire la durée initiale prévue par le copyright états-unien, faisant fi des allongements ultérieurs de la durée du copyright
 [4].
Cette licence d’écriture complexe semblait avant tout destinée à un usage revendicatif
 [5].
Publiées plus tard, les licences constituant le coeur de Creative Commons (il s’agit des classiques « by-nc », « by-nc-sa », etc.) sont un pot-pourri d’options juridiques en libre service (souvent incompatibles entre elles), telles que l’interdiction de l’usage commercial, l’obligation de publier et re-distribuer gratuitement les oeuvres modifiées, l’obligation de rappeler la paternité de l’oeuvre, ou l’interdiction formelle d’oeuvres dérivées.

La seule qualité commune à toutes ces licences était d’accorder à minima, le droit de distribuer « non commercialement » une copie exacte de l’oeuvre. Cependant une nouvelle licence Creative Commons nommée « Sampling License » ou « Recombo License » - créée en collaboration avec le groupe Negativeland et le musicien Gilberto Gil - va jusqu’à interdire la distribution de copies intégrales non modifiées, tout en établissant un droit de citation courte (le « sampling » : pratique de l’échantillonnage, du collage...) à titre commercial ou non. Une autre licence CC récente, offre un large éventail de libertés... mais uniquement aux résidents des pays en voie de développement !

Notons bien que chaque licence Creative Commons est destinée à un usage précis et répond à un besoin particulier. Ainsi, l’interdiction des utilisations commerciales et oeuvres dérivées cherche à préserver les modèles financiers censés rentabiliser l’industrie culturelle. La licence « Recombo » est censée résoudre les risques de procès et les démarches onéreuses liées à l’exercice du droit de citation qui entraînent une autocensure des artistes. La licence destinée aux pays en voie de développement se veut un moyen de résoudre les inégalités structurelles induites par la définition à l’international de la propriété intellectuelle. Bien sûr, ces problèmes sont pertinents. Mais la résolution de problèmes au cas par cas n’est pas le modèle qui a permis au Logiciel Libre de s’imposer.

Les licences CC sont conçues dans le but de donner du choix aux artistes. Au Forum International du Logiciel Libre, Lawrence Lessig expliqua la façon dont Creative Commons « donne aux utilisateurs la liberté de choisir comment leur oeuvre sera utilisée ». Mais, quelle que soit l’importance de cette « liberté » là, elle n’a rien à voir avec le sens donné à ce terme dans le logiciel libre, ni avec le modèle qui a permis au Logiciel Libre de s’imposer.

Récemment encore, on pouvait penser que CC cristalliserait un mouvement social autour de la revendication du droit à la copie exacte et non commerciale des oeuvres (c’est-à-dire le plus petit commun dénominateur du jeu original de licences CC). Une revendication certes faible en comparaison du logiciel libre, mais une revendication claire, quoiqu’il en soit. Cependant, les nouvelles licences citées plus haut éliminent même cette barrière minimale. Le logiciel libre s’est fortifié en un mouvement articulé autour d’une certaine définition de la liberté. L’initiative Creative Commons s’interdit cette possibilité en refusant de définir quelque limite que ce soit.

Au lieu de cela, le potentiel cohésif de Creative Commons s’effrite régulièrement. Sa capacité à fédérer les utilisateurs autour d’une idée précise du partage, aussi restreinte soit-elle, s’amenuise à chaque fois qu’un problème particulier conduit les juristes de CC à créer une nouvelle licence un peu plus restrictive que les licences CC existantes. C’est à chaque fois un peu mieux que le statu quo du copyright, mais aussi à chaque fois un peu plus restrictif que les licences précédemment proposées par CC.

Si l’initiative Creative Commons avait voulu suivre le modèle du Logiciel Libre, elle aurait tracé une frontière bien définie qui aurait permis d’affirmer : « Ce film est conforme à la définition des Commons. Ce film ne l’est pas » (de la même façon qu’on dit : « Ceci est un logiciel libre. Ce logiciel n’est pas libre. »).
Pour publier un document « Creative Commons », il aurait été obligatoire de suivre des règles stables, au lieu de demander aux dirigeants des Creative Commons d’ajouter une nouvelle licence à l’arsenal disponible. En établissant une telle frontière, l’initiative Creative Commons aurait certes pris le risque que moins d’individus aient la volonté ou la capacité d’utiliser les licences CC, mais ce risque aurait sans doute trouvé sa récompense dans une meilleure réussite.
C’est parce que Richard Stallman accepta le risque de la marginalité quand il se lança dans sa quête en vue de « libérer le logiciel », que les utilisateurs du système GNU/Linux peuvent lui être aujourd’hui, reconnaissants car son intransigeance a entraîné la création d’un corpus de logiciels satisfaisant une définition précise de la liberté.

Certes, nombre de programmeurs et de sociétés peuvent être mal à l’aise avec les libertés requises par la Définition du Logiciel Libre. Ils seront par exemple tentés de recourir à des licences qui interdiraient l’usage de leur logiciel à des groupes déterminés (terroristes, fascistes, pacifistes...)
 [6].
Chacune des libertés requises par cette Définition a de bonnes raisons d’être affirmée. On peut toujours trouver de bonnes raisons de ne pas y souscrire. Mais en tout état de cause, la Définition du Logiciel Libre a le mérite de poser une ligne de démarcation claire qui laisse au développeur le soin de juger s’il veut ou non appliquer ces licences, et à l’utilisateur la liberté d’utiliser ou non ces logiciels.

Tout programmeur n’est pas obligé d’écrire du logiciel libre, tous ne le font pas nécessairement. Mais si un programmeur veut que son projet soit reconnu comme un projet « logiciel libre », s’il veut voir son travail intégré dans Debian, répertorié dans le Free Software Directory, ou supporté par une plate-forme de développement telle que Sourceforge ou Savannah, ce travail doit passer avec succès le test des quatre libertés du Logiciel Libre.
En conséquence de cette exigence jamais négociée, peu de développeurs font aujourd’hui du logiciel « pas tout à fait libre » (par exemple du « freeware » non commercial), alors que c’était majoritairement le cas il y a 20 ans. Au final, le logiciel libre constitue un mouvement social cohérent en forte expansion ; mouvement qui a permis d’obtenir plus de liberté en retour. A contrario, l’initiative CC n’instituant aucun minimum requis de liberté et ne fixant aucun seuil à dépasser, a peu de chances d’engendrer un mouvement social comparable à celui du logiciel libre.

Une occasion manquée

L’initiative CC offre un jeu de licences qui laissent aux créateurs une liberté de choix. Chaque licence CC accorde au moins un droit qui n’est pas présent par défaut dans le régime contemporain du droit d’auteur. En établissant clairement la volonté de l’auteur, la licence élimine le recours à des avocats et la nécessité de demander la permission pour des droits automatiquement accordés. Ces licences sont simples à comprendre et à mettre en oeuvre. Les licences CC ne sont pas toutes mauvaises - l’une d’entre elles est utilisée pour cet article - ; mais l’initiative CC est une occasion manquée.

Les créateurs de CC avaient les moyens, au travers de leur réseau d’influences intellectuelles et institutionnelles, d’assoir un mouvement visant la production de contenus dans un sens qui leur paraisse meilleur - plus « libre », plus « ouvert » ou plus « généreux » - un sens qu’il leur restait à définir. Ils ne l’ont pas fait.

Interrogé à propos des clauses non commerciales, Lawrence Lessig a répondu qu’il ne les appréciait pas lui-même et qu’elles étaient utilisées trop souvent et mal à propos. Pour quelque raison que ce soit, souvent par réaction instinctive et par une tendance au conservatisme quand il s’agit de ses propres oeuvres, plus de trois quarts des oeuvres sous licences CC interdisent l’exploitation commerciale sans autorisation. Lawrence Lessig a mis à disposition cette clause en espérant que son utilisation ne serait pas dominante. C’est pourtant ce qui c’est passé ; la majorité des oeuvres Creative Commons sont de facto moins accessibles à la réutilisation par d’autres créateurs.

Peut-être est-il possible qu’une oeuvre littéraire ou musicale soit « libre » et « ouverte » tout en excluant l’utilisation commerciale. Peut-être pas. Inspirés par le logiciel libre, une brochette impressionnante de juristes et d’intellectuels opposés à l’idéologie contemporaine de la propriété intellectuelle avaient la possibilité de prendre position et de peser de tout leur poids dans un certain nombre de questions importantes. Ils ne l’ont pas fait. Aujourd’hui, il n’existe aucune base de discussion communément acceptée sur la défintion d’un contenu « libre », « ouvert » ou « commun ».

Résumons bien : ce texte n’a pas vocation à condamner certaines clauses particulières des licences Creative Commons, telle que l’interdiction de l’usage commercial. C’est une critique portant sur le manque d’exigence du projet, l’absence de critère permettant de décider a priori si une clause est recevable dans les Creative Commons ou non. C’est une critique de l’absence de tout degré minimal et significatif de liberté qui soit garanti, de façon immuable, par l’ensemble des licences CC.

Liberté de l’information : un objectif restant à définir

Comme le stipule le site des Creative Commons :

« Trop souvent le débat sur la régulation de l’exercice de la créativité oscille entre les extrêmes. À l’une des extrêmités nous trouvons la vision d’un monde de contrôle total — un monde dans lequel toutes les utilisations d’une oeuvre sont régulées, et dans lequel « tous droits réservés » (pour devenir quelques droits réservés) est la norme. À l’autre extrémité se situe une vision d’anarchie — un monde dans lequel les auteurs jouissent d’une grande variété de libertés mais sont sans défense face à l’exploitation de leur oeuvre. La mesure, le compromis, la modération — qui ont été par le passé les forces motrices du système régissant le droit d’auteur, système qui valorisait à parts égales l’innovation et la protection — sont devenus des espèces en voie de disparition. »

Le but de CC qui est d’échapper au régime omniprésent du « tous droits reservés » (mention accompagnant traditionnellement les oeuvres sous copyright) est certes respectable, mais il échoue à expliquer par quoi il souhaite remplacer ce régime, à part avancer bien sûr un « ce sera mieux ».
Si un léger mieux est certainement désirable, s’en contenter risque de n’apporter que trop peu.
Mesure, compromis, modération sont des soucis louables, mais un conservatisme involontaire ou délibéré - de la part des utilisateurs comme des promoteurs de CC - risque de réduire le dit compromis à sa portion congrue, c’est-à-dire, « à peine mieux que le statu quo ».

Bien que les licences CC soient des outils nouveaux et efficaces, la « liberté de choix » proposée par les CC n’a rien de novateur ; c’est le socle sur lequel se basent tous les mécanismes traditionnels de délégation du droit d’auteur. Cette liberté de choix (le choix individuel des auteurs) n’a rien à voir avec les libertés définies qui sont au coeur du Logiciel Libre : la portée, l’ambition et les fondements philosophiques de ces deux conceptions de la liberté sont sans commune mesure. Les appels de Lawrence Lessig à une « culture libre » ne sont accompagnés d’aucune description des libertés - d’utilisation, de re-distribution, ou de modification - que cette culture libre prétend offrir.

En sacrifiant la possibilité de créer un mouvement social, CC a remplacé
ce qui aurait pu se définir comme un monde où « les droits essentiels
sont garantis pour tous », par l’inconsistance relative des « certains droits réservés » (proclamés au cas par cas).
Si l’exemple des logiciels libres est représentatif de la façon dont les choses auraient dû évoluer, c’est à l’aune des libertés dont disposeront dans le futur, les utilisateurs des oeuvres placées sous des licences CC qu’il faudra évaluer le prix de la popularité de Creative Commons.

Il n’est pas trop tard pour entamer la discussion pour déterminer quels sont les droits qui devraient être « inconfiscables » dans une société de l’information « libre ». Quand sera définie cette liberté de l’information en termes de libertés garanties, on pourra sans aucun doute construire ce mouvement avec certaines des licences fournies par Creative Commons et un corpus d’oeuvres placées sous ces licences.

Article traduit par Julien Tayon, Antoine Pitrou et Isabelle Vodjdani. L’article original, « Towards a Standard of Freedom : Creative Commons and the Free Software Movement » et sa traduction sont sous licence « Creative Commons ShareAlike ».

Avec l’accord de l’auteur, le texte ici présenté provient d’une version antérieure, non publiée, de l’article : la version anglaise actuelle diffère par sa longueur (elle a été raccourcie), non par la teneur des propos énoncés.

Il existe une autre traduction par Thomas Petazzoni.

[1Les mouvements « Logiciel Libre » et « Open Source » se sont développés en parallèle et entretiennent des relations complexes qui dépassent le cadre de cet article. Quand ces termes sont appliqués aux logiciels, aux licences, et aux communautés de développeurs, ils sont habituellement synonymes. Quand ces termes sont appliqués aux motivations philosophiques et politiques qui sous-tendent la production des mêmes logiciels, alors leur sens est radicalement différent. Une explication simplificatrice mais utile consiste à dire que le Logiciel Libre est un mouvement social, alors que l’Open Source est une méthode de développement logiciel. Dans le cadre de cet article, j’utilise majoritairement le terme Logiciel Libre, mais en de maintes occasions, les deux termes pourraient être échangés sans porter atteinte au sens.

[2La version de la GPL actuellement en vigueur est la deuxième. Une troisième version est en cours de rédaction par la FSF.

[3La Définition de l’Open Source (OSD : Open Source Definition) est une copie à l’identique des Critères du Logiciel Libre selon Debian (DFSG : Debian Free Software Guidelines), c’est-à-dire une liste de critères à satisfaire pour qu’un logiciel soit compatible avec la lettre et l’esprit du Logiciel Libre. En pratique, la Définition du Logiciel Libre par la FSF, à laquelle nous nous référons, peut être remplacée par chacune de ces deux définitions sans changer le sens de l’article.

[4La loi états-unienne donne au droit d’auteur et aux droits connexes une durée de validité pouvant excéder un siècle. Actuellement ces droits durent toute la vie de l’auteur et pendant 75 ans après sa mort, ou pendant 95 ans dans le cas d’une oeuvre cédée à son commanditaire.

[5Cette licence a été lancée au temps de l’affaire « Eldred contre Ashcroft ». Lawrence Lessig y a plaidé, devant la cour Suprême des Etats-Unis, en faveur d’une réduction de l’exercice des droits d’auteurs reflétant les intentions des pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique.

[6(NdT) On voit bien qu’il n’y a pas de limite dans la
possibilité d’introduire de telles discriminations, elles peuvent être
autant bien intentionnées que mal intentionnées.

forum

  • > Vers une liberté définie : Creative Commons et le mouvement du logiciel libre
    15 mars 2007, par edend

    Je me permet de donner un point de vue pragmatique, je suis derrière Gestalt Orchestra, Chromatic et autres musiques... Je partage assez la vision de cet article (avec certaines nuances) et un certain nombres d’artistes de ma connaissance le partage : jenn birkenow, headphoner and nurse etc... Je pense que c’est un point de vue propres aux personnes qui ne font pas de "buziness" par choix, parce qu’ils ont une démarche artistique sincère. J’ai préféré ne pas mettre mes oeuvres en créatives commons ( même si j’apprécie d’offrir gratuitement une forme "légale" de licence "libre") et dernièrement j’ai choisi d’exposer pourquoi mes oeuvres ne sont pas sous cc. Et pourquoi c’est dangereux, de mettre ses oeuvres en cc en deux mots , c’est que l’on renonce alors à leur liberté de fait. Les détails sont ici http://morne.free.fr/Necktar7/creactionfr.htm

  • > Vers une liberté définie : Creative Commons et le mouvement du logiciel libre
    4 août 2005, par dana hilliot

    Cet article est bien écrit, précis. Mais il n’est que la énième mouture d’une argumentation fondée sur des bases discutables voire éronnées.
    A l’évidence, Benjamin Marko Hill n’est pas artiste, certainement pas musicien, et ne connaît pas la réalité du monde de l’art, et de celui de la musique en particulier aujourd’hui.
    Comme je l’ai dit et répété et je suis loin d’être le seul :
    1° une oeuvre d’art n’a rien à voir avec un logiciel
    2° je récuse totalement cette main mise que des informaticiens ont posé sur le terme liberté (pour ce qui est du mot "free" en anglais, je ne saurais me prononcer)

    la liberté est une affaire trop sérieuse pour qu’on en délègue la définition à une quelconque communuaté de pensée.
    Je suis un utilisateur et un militant du logiciel libre. Mais je distingue fermement le monde de l’informatique du monde des arts.

    Mais tant que les artistes continueront à ignorer ces discours qui parlent d’eux, on aura encore et encore ce genre d’article, qui n’a, du point de vue des pratiques artistiques, aucune pertinence.

    Les licences Creative Commons sont, dans leur diversité et leur souplesse, à l’image du monde des arts d’aujourd’hui, que ça plaise ou non.
    Elles ne constituent évidemment pas, et c’est ce que leur reproche les défenseurs du logiciel libre, un socle sur lequel bâtir une idéologie. Mais : avez-vous réfléchi à ce que donne une idéologie des arts ?? une idéologie des pratiques artistiques ?

    C’est méconnâitre gravement la réalité multiforme de l’art que de penser de la sorte.

    http://www.another-record.com/textes/

    • > Vers une liberté définie : Creative Commons et le mouvement du logiciel libre
      4 août 2005, par Antoine

      L’article de Benjamin Mako Hill est intéressant et stimulant, parce qu’il avance des arguments précis. A l’inverse, le commentaire ci-dessus ne justifie pas ses affirmations :
       les informaticiens auraient "fait main-mise sur le terme liberté" (alors qu’ils ont simplement créé une terminologie ne contrariant pas d’autres terminologies existantes, comme "liberté de la presse", etc.)
       les licences CC seraient "à l’image du monde des arts d’aujourd’hui" : on ne sait pas en quoi mais apparemment c’est une évidence ("que ça plaise ou non")
       les défenseurs du logiciel libre auraient pour but de "bâtir une idéologie" (alors que la plupart s’en contrefichent, ce qu’ils cherchent simplement à faire c’est de se structurer en communauté de production d’oeuvres autour de règles simples et efficaces)

      Benjamin Mako Hill estime que Creative Commons aurait pu, comme le logiciel libre, fixer un principe précis et non-négociable qui aurait constitué la base d’une communauté de pratiques (sans interdire pour autant la diversité des licences et des modes précis de coopération). Dana Hilliot explique que la "souplesse" et la "diversité" de l’art l’interdit, sans expliquer pour quelles raisons précises. Mais le logiciel n’est pas monolithique non plus, et pourtant le libre y a fleuri aux côtés d’autres modèles.

      J’ajoute que si Dana Hilliot cherche à disqualifier ceux qui ne sont pas d’accord avec lui en arguant qu’ils méconnaissent les pratiques artistiques (argument ad hominem typique : plutôt que de réfuter l’argumentaire d’un interlocuteur, asséner qu’il est incompétent), je ne comprends pas trop ce qu’il répond par exemple aux membres de la communauté Art Libre, qui sont des artistes ayant repris certains principes du logiciel libre dans le cadre de leurs pratiques de création.

      Amicalement

      Antoine.

      • > Vers une liberté définie : Creative Commons et le mouvement du logiciel libre
        16 août 2005, par cornofulgur

        Salut,

        > J’ajoute que si Dana Hilliot cherche à disqualifier ceux qui ne sont pas d’accord avec lui en arguant qu’ils méconnaissent les pratiques artistiques.

        Ce n’est sans doute pas de la malveillance, mais on ignore la nature de l’interlocuteur. Je me présente...

        Les informaticiens Libres ou Propriétaires, peu importe sont issus d’une culture riche, faite de clichés comme le machisme, de culture populaire américaine et de goût pour les domaines avancés de toutes les sciences et de tous les arts. L’informatique est jeune, issue des maths mais grandement impliquée dans les sciences appliquées, pluridisciplinaire. C’est une communauté cultivée, jeune, masculine, triomphante qui a bénéficiée d’une grande estime sociale.
        Je crois que les informaticiens devraient rester sur cette culture geek et l’entretenir, notamment en refusant des influences importées et en discriminant en premier lieu sur des *critères esthétiques* et uniquement ca : l’informaticien s’en fout de lire des licences.
        La Musique dite Libre aujourd’hui, en fait d’Art, c’est en grande majorité des groupes de pop en mal de succès qui sont tombés sur des producteurs amateurs sans doute trop sur d’eux même.

        Je dis que le projet CC se révèlera incapable de produire ce qui fait le coeur de ma culture geek : des BD, des romans de SF, des séries tv, des films à grand spectacle, du nonsense, des pinups, de l’avant garde.
        Le projet CC à l’heure actuelle arrive à produire en quantité plus qu’importante des boys bands en mal de succès et des producteurs amateurs. Signe du temps d’orage qu’il fait plus qu’autre chose, amha.

        La Musique Libre parasite le Logiciel Libre, flatte le public geek mais formatte cette culture en important d’autres valeurs esthétiques discutables pour ne pas dire pire.

        La Liberté pour le public, c’est pouvoir se prononcer selon l’esthétique. Coté créateur, je sais pas... à vous de débattre.

        • > Vers une liberté définie : Creative Commons et le mouvement du logiciel libre
          17 août 2005, par Antoine

          La Liberté pour le public, c’est pouvoir se prononcer selon l’esthétique. Coté créateur, je sais pas... à vous de débattre.

          Bien vu. Se prononcer selon l’esthétique, c’est l’essence de la culture (porter un jugement sur les oeuvres laissées par les fabricateurs d’art). Ce qui soulève une question de terminologie intéressante : pourquoi "Culture Libre" d’un côté, "Art Libre" de l’autre ?

  • > Vers une liberté définie : Creative Commons et le mouvement du logiciel libre
    3 août 2005

    vous n’avez rien compris à creative commons

    creative commons n’est PAS la FSF. Lessig le dit lui même. il n’a pas envie de dire aux gens quelles licences ils doivent utiliser. il veut juste leur proposer des outils.

    Stallman peut te dire "ton code ferait mieux d’être sous GPL". il a l’autorité pour.

    Lessig n’a absolument pas envie de dire "ton MP3 là devrait être sous by-sa plutôt que by-nc-sa". ce n’est pas son rôle. ce n’est pas le rôle de CC.

    pas besoin d’aller chercher plus loin...

    • > Vers une liberté définie : Creative Commons et le mouvement du logiciel libre
      4 août 2005

      vous n’avez rien compris à creative commons

      Ah...

      creative commons n’est PAS la FSF

      Merci du renseignement ;)

      il veut juste leur proposer des outils.

      C’est justement le sujet de l’article. Etonnant non ?

  • « Motivations philosophiques et politiques qui sous-tendent la production des [œuvres] »
    31 juillet 2005, par Dieudonné Dard

    Merci à l’auteur,
    Merci aux traducteurs,

    cet article m’aide un peu à mieux cerner les contours de l’enjeu ; de ces subtilités qui deviennnent, avec le temps, des « mais c’était évident ! » ou des « mais c’était pourtant simple ! »...

    Enfin je n’en suis pas encore là : le sujet reste parsemé de zones d’ombre pour moi.
    Quoiqu’il en soit, je partage cette intuition que nous sommes à la naissance de quelque-chose de grand.

    Comment en effet, réussir à transposer cette formidable explosion de créativité du monde des logiciels libres vers les autres formes de création ?

    Et là, je vous propose un exemple très concret :

    • nous sommes quelques francophones à avoir donné plusieurs journées de notre temps libre à la réalisation d’un DVD à partir d’une conférence sur le thème de la Communication NonViolente au quotidien donné par Marshall B. Rosenberg
    • nous sommes convaincus que l’esprit qui sous-tend ce processus (la Communication NonViolente) est de la même veine que celui qui nous émerveille dans le mouvement du logiciel libre
    • nous aimerions choisir et soutenir la licence qui portera cet esprit, pour accompagner ce DVD
    • nous avions envie d’utiliser une licence CC, puis après avoir lu les réserves à leur sujet sur ce même site, nous cherchons à nouveau !

    Alors finalement, quel type de licence aimeriez-vous voir accompagner de telles créations ?

    Une Licence Art Libre ? une autre ? ou reste-t-elle à inventer ?

    • > « Motivations philosophiques et politiques qui sous-tendent la production des [œuvres] »
      1er août 2005, par Julien Tayon

      Les CC ont comme seul défaut à nos yeux de réclamer une filiation avec la notion de logiciel libre qui n’est pas légitime. Le logiciel libre met l’accent sur la “liberté” les CC sur le fait qu’ils sont le Carouf des licences : vous les avez toutes en self service et le café max havelard cotoie le café des gringos. Certaines licences CC sont accessoirement libres au sens du logiciel libre mais en tout état de cause rarement choisies
      http://www.libroscope.org/Creative-Commons-adoption-et

      Le logiciel libre, lui, se fout royalement des licences une fois les 4 libertés assurées par lesdites licences.

      La différence CC / libre n’est pas une différence de licence, mais de façon de voir le monde. Pour les avocats des CC, la liberté c’est comme un super marché unique avec beaucoup de choix de licence : c’est beaucoup de liberté. Avec le logiciel libre la liberté c’est de se concentrer sur les aspects créatifs, et de s’intéresser a minima aux licences. Si il y avait qu’une licence (voire un régime par défaut) qui nous conviennent à tous on pourrait se libérer encore plus de temps pour créer.

      Voilà comment transposer le libre aux contenus. Non en choisissant des en premier lieu licences, mais en adhérant à un projet de libération des contenus qui propose accessoirement des licences cohérentes. Si la démarche du logiciel libre vous inspire, je dirais : prenez donc la licence GPL ou la licence art libre : elles sont issues de projet qui vont au delà de la rédaction d’un simple texte légal, et je ne pense pas qu’il soit nécessaire de réinventer la roue. Vous pouvez même choisir une licence CC et faire un peu de pédagogie autour des clauses que vous avez choisies.

      L’exercice de la liberté s’accompagne d’un devoir périlleux : choisir et faire preuve d’arbitraire. Et ça, personne ne peut le faire à votre place.

      • > « une différence de [...] façon de voir le monde »
        1er août 2005, par Dieudonné Dard

        Merci de la rapidité de votre réponse :)

        si j’ai bien compris, ce qui vous motive ici, c’est de clarifier « une différence de [...] façon de voir le monde ».

        Et en l’occurence, c’est le succès des CC qui semblent être le déclencheur de cet article. Un peu comme le succès du mouvement du libre aura été le déclencheur pour la création des CC...

        Mon questionnement venait en particulier du choix de protèger cet article avec une licence CC, alors que justement, l’objectif de son contenu semblait être de proposer de s’en libérer, par souhait de cohérence avec la démarche du logiciel libre.

        Je vais donc formuler autrement ma question :
         pourquoi avoir choisi pour cet article une licence CC plutôt qu’une licence GPL ou une licence art libre ?

        Par ailleurs, ma première question n’était peut-être pas assez claire. Je vous demandait « quel type de licence aimeriez-vous voir accompagner de telles créations ? ». Je ne vous demandais pas de choisir à ma place ! Je vous offrait tout simplement de vous y associer, parce-que j’aime bien vos créations :)

        « La grandeur d’un métier est peut-être avant tout d’unir les hommes. Il n’est qu’un luxe véritable et c’est celui des relations humaines... »
        Saint Exupéry

        • > « une différence de [...] façon de voir le monde »
          1er août 2005, par Julien Tayon

          pourquoi avoir choisi pour cet article une licence CC plutôt qu’une licence GPL ou une licence art libre ?

          Benjamin voulais illustrer qu’il n’avait rien contre les CC, il en a choisi une en accord avec les 4 libertés du logiciel libre qui est « copyleft » : elle permet l’utilisation, la redistribution, la lecture (execution) et l’étude et elle oblige à la redistribution sous la même forme. C’est la libération des contenus qui lui importe plus que la licence. La licence de l’article est un tao moderne :)

          Nous tournons en temps normal sous Licence Art Libre, parce qu’on parle de logiciel libre et que l’on pense qu’il faut assurer une continuité de comportement entre le code et notre site et que la LAL est bien écrite.

          La LAL est bien écrite et derrière surtout il y a un projet explicite de rendre les contenus « culturels » libres (dans un sens défini). En choisissant la LAL vous vous associez à un projet qui est intéressant et qui justement va au delà de la liberté de choix. Ils ont plus de mérite que nous, ils ont osé lancer le projet il y a lontemps quand personne n’en parlait. Ce serait bien qu’ils élargissent le contexte :) mais bon qui sait quelqu’un leur souflera peut être dans le tuyau de l’oreille.

      • > « Motivations philosophiques et politiques qui sous-tendent la production des [œuvres] »
        4 avril 2006, par Jobic

        Qui est Max Havelard ?
        Ou puis-je me documenter ?
        merci
        Jobic

        • > « Motivations philosophiques et politiques qui sous-tendent la production des [œuvres] »
          6 avril 2006, par Julien Tayon

          Grande question.
          Un mec qui met en catimini son nom sur des paquets de café ? Je suppose qu’il pourrait être un des lieutenants du commandant Marcos. Peut être plus probablement le héros d’un roman hollandais de 1860 qui dénonçait les ravages du colonialisme et qui a donné son nom à une fondation éponyme.

          C’est impressionnant que sur les presques 1 000 000 de pages web qui le cite, personne n’en parle. Mais comment j’ai trouvé la réponse ? Ah oui, j’ai tapé la bonne orthographe dans google, et j’ai fini par en trouver des pertinentes.
          Où vous documenter ?
          Read The Fuc^H^Hantastic Web