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Le secret de Linux en entreprise

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–  lundi 15 septembre 2003, par Julien Tayon

Depuis ses débuts, Libroscope tente de faire des études de cas en entreprise. Nous avons toujours eu des fins de non-recevoir, et très peu d’entreprises intéressées. Cela nous laisse sur notre faim, et du coup pour remplir nos colonnes nous sommes obligés de faire des articles sur des sujets qui nous font plaisir en proposant à travers nos articles des points de vue un peu différents sur les logiciels libres.

Cependant, un correspondant anonyme qui me casserait les genoux s’il se reconnaissait a bien voulu me donner le secret de la raison pour laquelle Linux [1] était le truc génial dans son entreprise.

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Le secret du logiciel libre, c’est que c’est gratuit pour nous. C’est pour ça que nous l’utilisons. Nous prenons une plate-forme sous linux qui représente une partie minoritaire de notre produit nous portons les fonctionnalités que nous avons vu dans d’autres produit sur cette plate-forme et il n’y a rien à payer en licence. Et voilà c’est tout !

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A une autre personne dans la même entreprise qui utilise beaucoup de logiciel libre et qui ne désire pas communiquer m’a donné cet autre réponse :
le logiciel libre c’est bien ; un étudiant qui sort de la fac ou de son école connaît et il n’y a pas besoin de le former. Ce sont des profils courants, et cela ne coûte pas cher. Personne n’est irremplaçable, et grace au logiciels libres c’est encore plus vrai de nos prestataires.

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Enfin, un administrateur système m’a dit : nous en avons rien à foutre du logiciel libre : c’est gratuit au niveau licence, ça marche et c’est tout ce qu’on lui demande.

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En fait beaucoup font du logiciel libre, mais ils n’en parlent pas. Rares sont ceux pour lesquels cela représente une valeur de reconnaissance dans la boîte, car de toute façon ce qui importe, c’est la maille [2] qui compte, et le logiciel libre c’est un peu le C&A du logiciel. Le logiciel libre est pour eux un outil pour lequel l’utilité est bien identifié : le coût à la licence est nul, le coût de la main d’oeuvre qualifiée est faible, ils ont donc pas intérêt à s’en vanter.

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Il n’y a rien de plus à comprendre, m’ont-ils tous dit... Et leurs concurrents directs font exactement la même chose. Ainsi, le logiciel libre se répand sans tambour ni trompette comme une traînée de poudre dans les entreprises. Et la roue tourne, en toute discrétion...

Pour ceux qui aimeraient travailler dans le domaine

Associé à la notion de gratuité, je ne pense pas que le logiciel libre soit un débouché très valorisant [3] pour les futurs étudiants qui pensent faire de leurs connaissances dans le logiciel libre un argument pour être mieux payés, et en plus malheureusement cela ne plante pas trop. Je conseille à ces étudiants de bien connaître les outils tels que ceux de Microsoft, Oracle, Siebel, et autres avec lesquels ils seront amenés à dialoguer. Pour gagner de l’argent, il est conseillé de s’orienter vers des logiciels considérés comme nécessaires et qui plantent souvent, de la main d’oeuvre très qualifiée est toujours nécessaire pour comprendre et faire fonctionner les logiciels mal foutus. Ne vous inquiétez pas il y en a aussi dans le logiciel libre (Bind, Sendmail, Xfree...) et j’en passe.

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Si le logiciel libre le logiciel n’est pas une plus-value sur le CV d’un développeur, cela risque cependant de devenir un must have au même titre que Word ou Excel. En plus avec la mode des développements off-shore, les logiciels libres risquent de s’imposer pour des raisons de coûts. Si vous voulez faire la compétition avec des développeurs qui peuvent faire le même boulot en Chine, en Europe de l’Est ou ailleurs pour cinq fois moins , vous n’avez rien compris au monde de l’emploi.

Pour les esprits chagrins qui regrettent que les valeurs du libre n’aient pas été évoquées

Eh bien, c’est comme ça ! Le monde de l’entreprise ne conçoit que ce qu’elle veut mesurer ; elle ne voit pas les coûts ou les gains associés à des pratiques de développement du logiciel libre, donc les pratiques n’existent pas.

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Cependant, au sein de cette entreprise, de nombreux développement se font à la mode du logiciel libre. Ces développements faits avec peu de moyens sont recopiés, étudiés, utilisés et redistribués par tous sans discrimination. Seulement, ceux qui le font ne s’associent pas à la communauté du logiciel libre dont ils ignorent l’existence : ils avaient un besoin qui les démangeait, ils avaient un outil sous la main, ils l’ont fait sur un coin de table, ils l’ont refilé. La plupart du temps ce sont des miniprogrammes fait sous Excel qui se passent de bureau en bureau et qui font gagner un temps précieux à tous.

Conclusion

Le logiciel libre, comme les méthodes sont des outils. Certains le choisissent parce qu’ils ont une affection pour la communauté, d’autres pour les valeurs philosophiques, d’autres pour des raisons pragmatiques, et beaucoup d’entreprises pour son coût. Après tout, la notion de liberté ne veut pas dire que l’on attende de ceux qui font le même choix de le faire pour les mêmes raisons, n’est-ce pas ?

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Entre nous, je soupçonne aussi que le logiciel libre véhicule des valeurs négatives dans l’entreprise ; l’entreprise a ses superstitions, et il semble qu’avoir un comportement déontologique ou éthique soit considéré d’office comme plombant les bénéfices. Je conseillerai à tout personne qui penserait promouvoir le logiciel libre en entreprise d’oublier toute notions un peu généreuse ou humaniste qu’il penserait y associer :

  1. il serait hors propos,
  2. il risquerait de commettre une faute de goût en évoquant un tabou.

Je lui recommande plutôt les trois arguments chocs suivants :

  1. c’est gratuit,
  2. la main d’oeuvre est pas chère,
  3. et les communautés du logiciel libre risquent pas de lui envoyer des avocats pour une raison X ou Y.

Bref le logiciel libre, c’est de la balle !©™

Merci à Emmanuel Cordisco pour les corrections orthographiques.

[1Comprenez ici, le système GNU/Linux

[2la thune, l’oseille, le blé , les pépettes, les sous, la maille quoi

[3...au niveau du salaire que l’on peut espérer demander.

forum

  • > Le secret de Linux en entreprise
    21 septembre 2003, par Cynique Performant

    He, Julien, y’a une typo dans ta conclusion. Avec ce que tu conseilles c’est pas le Logiciel Libre que tu pousses. C’est des programmes qui servent ponctuellement les interets de l’entreprise. Tu aurais du dire : si vous pensiez pouvoir promouvoir le Logiciel Libre en entreprise, oubliez tout de suite. Si vous aimez bien apache, vous arriverez a convaincre votre hierarchie de l’utiliser et tout le monde est content. Il n’y a certes pas trace de Logiciel Libre dans l’histoire mais au moins vous pourrez bosser quelque temps avec le logiciel qui vous plait. Pourquoi bouder son plaisir ? Et surtout pourquoi se la peter "je fais la promotion du Logiciel Libre" alors qu’en toute honnetete il n’en est pas question ailleurs que dans votre tete. Il n’y a pas de honte a dire a ses amis "J’aime le Logiciel Libre pour ses valeurs philosophiques et mon employeur me laisser utiliser quelque Logiciels Libres que j’affectionne". Par contre c’est total loser de dire "J’ai convaincu mon boss des bienfaits du Logiciel Libre et grace a moi le Logiciel Libre est rentre dans l’entreprise" alors qu’il est question de pragmatisme et non de philosophie.

    • > Le secret de Linux en entreprise
      22 septembre 2003, par Julien Tayon

      C’est vrai que cette conlusion est chouette.

      @micalement,

  • > Le secret de Linux en entreprise
    19 septembre 2003, par Serge

    Bonjour à tous,

    je pense que cet article est vraiment trop réducteur. En tant que consultant et connaissant Linux, Windows et Novell, j’affirme haut et fort que lorsque je préconise une bascule sous Linux, le facteur prix est le moins important :
     premier facteur : compétences, avec Linux, les compétences sont DANS l’entreprise, ce n’est pas un ponte de Microsoft (pour les nommer) qui va seul être en mesure d’adapter une solution aux besoins d’une entreprise, les autres (prestataires,...) ne font qu’adapter la solution packagée, avec Linux, c’est l’intervenant ou la personne en interne qui adapte Linux. Pas besoin de release ou de nouvelle version, on peut faire ce que l’on veut.
     deuxième facteur : manageabilité. Sous Win.. quand on a un plantage, on est limité à supposer ce qui a pu se passer, peu de logs, parfois aucun moyen de contourner un problème simple (essayez de remplacer un fichier sur une partition NTFS avec une seule machine qui ne boote plus !!!) Sous Linux, vous avez la maitrise totale du système. Vous surveiller ce que vous voulez, vous changer ce que vous voulez, le fonctionnement vous est connu.
     troisième facteur : évolutivité. Sous Linux, quand vous êtes satisfait d’un serveur, rien ne vous oblige à le mettre à jour, et de plus, seul un changement de noyau impose un redémarage. Ici encore vous êtes libre.
     quatrième facteur : fiabilité. Sous Linux, pas de reboot inexpliqué, une application qui plante (cela arrive aussi) ne bloqque pas la machine, un serveur peut héberger plusieurs services sans risque, sous Windows on a l’habitude de mettre un serveur par application !!!
     cinquième facteur : puissance, sous linux, on est pas limité par la puissance des PC, pour de tres grosses applications on peut utiliser des machines 64 bits ou un mainframe...

    Et il m’en reste des arguments, alors si vous connaissez des sociétés qui ont choisi Linux uniquement pour l’économie des licences, vous n’avez pas de chance.

    Si certains pensent que Linux est réservé à ’une élite’ aux longs cheveux ayant comme devise ’partage et amour’, alors c’est peut-être moi qui me trompe...

    Serge

  • > Le secret de Linux en entreprise
    17 septembre 2003, par Jean-Louis LESIEUR

    Je pense que ce n’est pas le forcément les seuls arguments que l’on peut évoquer. Pour mon cas, le logiciel libre (pour l’instant dans le domaine des serveurs), possède une réelle réputation de stabilité. Linux est considéré comme la seule plate-forme web viable.

    Nous travaillons sur AS/400 et chez nous Windows et la micro, c’est de la bidouille (état d’esprit général). En ce qui concerne les serveurs webs, après s’être fait pirater deux fois notre serveur WinNT, leur sentiment est que Linux=UNIX <> Windows.

    Clairement, je pense que ce message est passé, même si on m’attend au tournant.

    Par contre, selon moi, la clé du succès, c’est la formation du personnel déjà en place.

    En effet, à mon sens, un personnel non formé sera toujours réticent vis à vis des nouvelles technologie (tout le monde n’est pas un passionné dans l’âme, à 50 ans, il est difficile de parler philo avec un mec de l’exploit).

    De plus ceci permet d’éviter l’effet "fusible" : Si ça ne marche pas, c’est ta faute, par ce que tu est le seul à savoir comment cela fonctionne et c’est toi qui à préconisé Linux.

    C’est pourquoi, il faut prévoir rapidement un plan de formation sérieux sur la nouvelle plate-forme.

    Conséquence : Linux et les logiciels libres, c’est loin d’être gratuit.

    Ceci permet de rassurer la direction car il est normal que l’entreprise ai peur d’avoir des personnes "indispensables", le départ de l’une d’entre elles peut mettre la vie de l’entreprise en danger.

    Nombre de dirigeants en on fait les frais....

    A+

    • > Le secret de Linux en entreprise
      17 septembre 2003, par jul

      Dans l’article suivant http://aceshardware.com/read.jsp?id... ace’s hardware propose une étude de cas en anglais qui laisse à penser que les certifs MCSE ne permettent pas de disposer de compétences durables. Et donc que sur le plan de la formation linux serait moins coûteux pour des raisons de coût homme. Le coût humain et celui sur lesquels les entreprises devraient me sembler se concentrer ; le coût d’un homme est supérieur à celui du matériel, y compris dans les coûts de maintenance.

      J’aurais préférer que les entreprises choisissent le logiciel libre pour sa qualité, et ses avantages dans le cadre de la gestion des actifs intangibles que sont les connaissances.

      Enfin, nobody’s perfect :)

      • > Le secret de Linux en entreprise
        20 septembre 2003, par Paul

        Dans l’article suivant http://aceshardware.com/read.jsp ?id... ace’s hardware propose une étude de cas en anglais qui laisse à penser que les certifs MCSE ne permettent pas de disposer de compétences durables. Et donc que sur le plan de la formation linux serait moins coûteux pour des raisons de coût homme.

        L’article ne dit rien de tel, tu devrais relire... Une certif MCSE est aussi adaptée à Windows qu’une certif Redhat à Linux, et vice-versa.

        • > Le secret de Linux en entreprise
          22 septembre 2003, par Julien Tayon

          L’article propose un plan de conduite opérationnel du changement avec un business plan associé (je buzz à fond aujourd’hui :), qui met en cout prioritaire les problèmes de main d’oeuvre liés à l’apprentissage de réflexes click-click-atique non transposable en environnement unix.

          Evidemment, il faut lire les chiffres sur les pages suivantes. Il ne dit pas explicitement les certifications MSCE sucks, il dit les certifications MSCE apprennent de mauvais réflexe d’architecture et de conception (c’est ce qui est pour le lui plus problématique) et ses trois solutions passent par la montée en puissance d’équipe d’administrateur compétents (sous unix évidemment).

          Certes il ne dit pas MCSE ça craint, il dit juste pour que vous ayez un vrai système d’information utilisez des personnes compétentes, et bizarrement il évoque tout sauf leur compétence MSCE. Puis, il évoque les titulaires de ces formations comme des freins au changement (les personnes à écarter)...

          J’en ai déduit que l’article me laissait à penser que les formations MSCE n’était pas pour l’auteur la panacée. En revanche, il ne dit effectivement rien sur le plan de la formation, ma conclusion en s’appuyant sur l’article lui même me semble un peu éxagérée.

          J’essairais de développer le point de l’apprentissage dans un autre article (et un de plus dans la pile). Je me suis un peu avancé, et je reviendrais blindé de références sur le sujet :)

        • > Le secret de Linux en entreprise
          10 juin 2005

          Oui mais ta certif MCSE pour NT4 n’est plus valable et as tu celle de Window$ 2003 !?
          Pour Linux si ta une certif REDHAT 7 ou 9 les changents ne sont pas radical.

  • > Le secret de Linux en entreprise
    17 septembre 2003, par Arachne

    3. et les communautés du logiciel libre risquent pas de lui envoyer des avocats pour une raison X ou Y.

    Alors ça je n’en mettrai pas ma main à couper... Les avocats de la FSF sont justement là pour préserver le respect des licenses libres.

    • > Le secret de Linux en entreprise
      17 septembre 2003, par Yann

      Il y a un malentendu. Dans l’article, il est fait mention de l’utilisation des LL, pas de leur distribution. Et les licenses des LL concernent principalement les conditions de modification et distribution des LL. Si tu prends un LL et que tu ne fais que l’utiliser, alors tu es libre comme Icare, la FSF ne viendra pas t’embeter.

      Yann.

      • > Le secret de Linux en entreprise
        17 septembre 2003, par jul

        J’espère avoir été suffisamment ambigu néanmoins. On ne m’otera pas de la tête l’idée que certaines entreprises font des modifs à du code GPL qu’elles ne distribuent pas, soit par ignorance, soit de manière délibérée. Je l’ai même vécu en travaillant dans une boîte qui faisait du logiciel libre.

        • > Le secret de Linux en entreprise
          17 septembre 2003, par Rafferty

          Il n’y a aucune obligation à redistribuer du code GPL modifié in vivo. La licence n’impose pas cela. En revanche, en cas de redistribution du code binaire, la licence dit que le nouveau programme modifié est sous GPL et donc notamment que les sources modifiés doivent être fournis.

          • > Le secret de Linux en entreprise
            17 septembre 2003, par Caeies

            Attention, (je ne suis pas juriste, m’enfin), la GPL impose la redistribution des sources uniquement à l’utilisateur du binaire ! pas à l’ensemble de la communauté. Libre au client de redistribuer ou non les sources. Donc les modifications doivent être consultables par le client (utilisateur des binaires) mais pas forcemment pour les autres...
            Maintenant, je peux me tromper, mais je n’en suis pas sûr ^_^
            Caeies

            • > Le secret de Linux en entreprise
              17 septembre 2003, par jul

              je te parle justement du cas où les clients finaux ont reçu les binaires sans recevoir les sources. Le client intermédiaire (celui qui avait payé) lui les a reçu. Ça n’a jamais choqué les redempteurs de la vertu du libre avec lesquels je travaillais. Moi oui.

              Un contrat est un contrat, peu importe les valeurs que l’on prétend avoir.

            • > Le secret de Linux en entreprise
              17 septembre 2003, par Jarillon

              C’est vrai. Richard Stallman en personne me l’a confirmé.