Depuis ses débuts, Libroscope tente de faire des études de cas en entreprise. Nous avons toujours eu des fins de non-recevoir, et très peu d’entreprises intéressées. Cela nous laisse sur notre faim, et du coup pour remplir nos colonnes nous sommes obligés de faire des articles sur des sujets qui nous font plaisir en proposant à travers nos articles des points de vue un peu différents sur les logiciels libres.
Cependant, un correspondant anonyme qui me casserait les genoux s’il se reconnaissait a bien voulu me donner le secret de la raison pour laquelle Linux [1] était le truc génial dans son entreprise.
Le secret du logiciel libre, c’est que c’est gratuit pour nous. C’est pour ça que nous l’utilisons. Nous prenons une plate-forme sous linux qui représente une partie minoritaire de notre produit nous portons les fonctionnalités que nous avons vu dans d’autres produit sur cette plate-forme et il n’y a rien à payer en licence. Et voilà c’est tout !
A une autre personne dans la même entreprise qui utilise beaucoup de logiciel libre et qui ne désire pas communiquer m’a donné cet autre réponse :
le logiciel libre c’est bien ; un étudiant qui sort de la fac ou de son école connaît et il n’y a pas besoin de le former. Ce sont des profils courants, et cela ne coûte pas cher. Personne n’est irremplaçable, et grace au logiciels libres c’est encore plus vrai de nos prestataires.
Enfin, un administrateur système m’a dit : nous en avons rien à foutre du logiciel libre : c’est gratuit au niveau licence, ça marche et c’est tout ce qu’on lui demande.
En fait beaucoup font du logiciel libre, mais ils n’en parlent pas. Rares sont ceux pour lesquels cela représente une valeur de reconnaissance dans la boîte, car de toute façon ce qui importe, c’est la maille [2] qui compte, et le logiciel libre c’est un peu le C&A du logiciel. Le logiciel libre est pour eux un outil pour lequel l’utilité est bien identifié : le coût à la licence est nul, le coût de la main d’oeuvre qualifiée est faible, ils ont donc pas intérêt à s’en vanter.
Il n’y a rien de plus à comprendre, m’ont-ils tous dit... Et leurs concurrents directs font exactement la même chose. Ainsi, le logiciel libre se répand sans tambour ni trompette comme une traînée de poudre dans les entreprises. Et la roue tourne, en toute discrétion...
Associé à la notion de gratuité, je ne pense pas que le logiciel libre soit un débouché très valorisant [3] pour les futurs étudiants qui pensent faire de leurs connaissances dans le logiciel libre un argument pour être mieux payés, et en plus malheureusement cela ne plante pas trop. Je conseille à ces étudiants de bien connaître les outils tels que ceux de Microsoft, Oracle, Siebel, et autres avec lesquels ils seront amenés à dialoguer. Pour gagner de l’argent, il est conseillé de s’orienter vers des logiciels considérés comme nécessaires et qui plantent souvent, de la main d’oeuvre très qualifiée est toujours nécessaire pour comprendre et faire fonctionner les logiciels mal foutus. Ne vous inquiétez pas il y en a aussi dans le logiciel libre (Bind, Sendmail, Xfree...) et j’en passe.
Si le logiciel libre le logiciel n’est pas une plus-value sur le CV d’un développeur, cela risque cependant de devenir un must have au même titre que Word ou Excel. En plus avec la mode des développements off-shore, les logiciels libres risquent de s’imposer pour des raisons de coûts. Si vous voulez faire la compétition avec des développeurs qui peuvent faire le même boulot en Chine, en Europe de l’Est ou ailleurs pour cinq fois moins , vous n’avez rien compris au monde de l’emploi.
Eh bien, c’est comme ça ! Le monde de l’entreprise ne conçoit que ce qu’elle veut mesurer ; elle ne voit pas les coûts ou les gains associés à des pratiques de développement du logiciel libre, donc les pratiques n’existent pas.
Cependant, au sein de cette entreprise, de nombreux développement se font à la mode du logiciel libre. Ces développements faits avec peu de moyens sont recopiés, étudiés, utilisés et redistribués par tous sans discrimination. Seulement, ceux qui le font ne s’associent pas à la communauté du logiciel libre dont ils ignorent l’existence : ils avaient un besoin qui les démangeait, ils avaient un outil sous la main, ils l’ont fait sur un coin de table, ils l’ont refilé. La plupart du temps ce sont des miniprogrammes fait sous Excel qui se passent de bureau en bureau et qui font gagner un temps précieux à tous.
Le logiciel libre, comme les méthodes sont des outils. Certains le choisissent parce qu’ils ont une affection pour la communauté, d’autres pour les valeurs philosophiques, d’autres pour des raisons pragmatiques, et beaucoup d’entreprises pour son coût. Après tout, la notion de liberté ne veut pas dire que l’on attende de ceux qui font le même choix de le faire pour les mêmes raisons, n’est-ce pas ?
Entre nous, je soupçonne aussi que le logiciel libre véhicule des valeurs négatives dans l’entreprise ; l’entreprise a ses superstitions, et il semble qu’avoir un comportement déontologique ou éthique soit considéré d’office comme plombant les bénéfices. Je conseillerai à tout personne qui penserait promouvoir le logiciel libre en entreprise d’oublier toute notions un peu généreuse ou humaniste qu’il penserait y associer :
Je lui recommande plutôt les trois arguments chocs suivants :
Bref le logiciel libre, c’est de la balle !©™
Merci à Emmanuel Cordisco pour les corrections orthographiques.