Accueil Libroscope

Poster un message

En réponse à :

> Benchmark : 23 logiciels « libres » passés au crible

–  1er juin 2006, par Julien Tayon  –

Ma réponse est en deux points :
 les limites du raisonnement « tout licence » ;
 la vie pratique.

L’erreur du raisonnement « tout licence »

The question at hand is, ``Should development of software be linked with having owners to restrict the use of it ?’’

(why software should be free RMS)

Rappelons, que ce comparatif a pour but de parler de logiciel qui satisfont aux 4 libertés (décrites par la FSF) dans la pratique. Il s’agit de pratique et non de théorie. On doit à Stallman une formalisation des 4 libertés unanimement reconnues, et un postulat qui est que la licence permet de faire respecter ces 4 libertés. Le logiciel libre en tant que pratique lui est largement antérieur. Néanmoins, comme tu réfutes les autres expériences, je vais répondre en citant RMS himself, et la FSF, pour expliquer en quoi le postulat est faux.

Même si le site relooké de la FSF est uniquement centré sur les licences je conseille la lecture de Why Software Should Be Free, où il explique notamment le mal fait par les propriétaires de logiciel qui s’arrogent le droit de décider des bonnes et des mauvaises modifications, ou de rendre l’accès au développement plus dur. On notera que l’on peut comme la FSF l’a démontré avoir du logiciel qui est propriétaire de fait sous GPL. Rappelons que Loïc Dachary membre de la FSF Europe à ce moment le mit en évidence avec la dérive de sourceforge.

Exactement ce qu’illutre le point #9 que tu évoques. Le comité est propriétaire des choix de développement.

Notons que la définition de logiciel proprétaire de Stallman inclut

Its use, redistribution or modification is prohibited, or requires you to ask for permission, or is restricted so much that you effectively can’t do it freely.

Ce qui correspond au point #6 que tu évoques.

Pour le reste, je laisse la FSF et Stallman à leur contradictions (quand on dit la chose et son contraire, on a souvent raison). Et je rappelle que l’article (voir intro) a pour but de poser la question : les licences suffisent-elles à faire du logiciel libre ? Notre réponse est dans la droite ligne du Stalmanisme original ce qui importe c’est de pouvoir appliquer les 4 libertés.

On peut se poser la question dès lors de pourquoi « prétendre » que les licences ne suffisent pas ?

Libre et vraie vie

Je suis intégrateur en logiciel libre professionnellement depuis 1999 pourquoi et ce que je regarde les points sus-cités me dira-t’on ?

  1. accès au code source et aux docs : il est important en ce qui me concerne de savoir si on peut vraiment modifier le code IRL. Les drivers libres de certaines marques par exemples sont remplies de « nombres magiques », qui rendent impossible de modifier le code (le moteur de bitblitting va être une série de dump de nombres mystérieux dans des registres indéboguable sans la compréhension de ces nombres). Le code peut être aussi (volontairement ou non) être confus, mal écrit. Il ne sert à rien d’avoir le droit de modifier le code, si il est pas modifiable de fait. Où est la liberté de modifier un code dont on a pas les informations pour les modifier ?
  2. accès aux mailing lists : cela permet de connaître la vitalité du projet et aussi si il souffre de défaut connus. Si un logiciel ne doit pas avoir de propriétaire il est aussi normal, que l’information sur le logiciel soit ouverte à tous. Quand on s’engage à fournir librement de l’expertise (en tant qu’utilisateur ou développeurs) dans une communauté, on aimerait s’assurer que l’on fait un investissement durable et que nos contributions vont être acceptées, que les développeurs écoutent les utilisateurs ...
  3. accès au gestionnaire de version : quand je participe à un logiciel libre, je veux m’assurer que le fork est possible. Le fork exprime la liberté de modifier, redistribuer. L’accès publique au cvs permet notamment de faire des backports (ports de fonctionnalités du logiciel original, vers le logiciel forké). En ayant l’assurance que je peux forker, j’ai l’assurance que le comité de développement sera sensible à la quallité du développement et à la satisfaction de sa communauté d’utilisateurs/développeurs. Si le cvs est pas publique, le logiciel est bien la propriété de quelqu’un qui veille à ce que tous ne puisse pas modifier et redistribuer le code. Si le contrat d’achat de GNAT Pro spécifiait que l’achat d’une licence donnait un doirt irrévocable au gestionnaire de version (en lecture) je changerait peut être d’avis, mais c’est pas le cas ;
  4. une norme ISO n’est pas ouverte car le comité de normalisation n’est pas ouvert : pour y participer il faut être membre du comité ISO (voir article anglais de wikipedia), comme pour IEEE.

Bref, pour qu’un logiciel satisfasse les 4 libertés une déclaration d’intention (la licence) n’est pas suffisante, il faut pouvoir évaluer dans la vraie vie la capacité à pouvoir appliquer ces 4 libertés. Le but de l’article était en utilisant internet d’évaluer ce que chaque projet donner comme informations publiques sur le sujet. GNAT est peut être libre, mais on ne peut pas l’évaluer d’ailleurs, à part vous faire confiance sur ce sujet votre réponse n’apporte toujours aucun élément tangible comme des liens vers des informations publiquement disponibles.

La définition de Stallman sur les libertés du libre a un contexte et une intention : celui d’éviter que les logiciels aient un propriétaire. GNAT/PRO a bien une entité qui est propriétaire du logiciel capable de restreindre l’accès aux 4 libertés du libre selon Stallman donc on trouve une insuffisance dans le moyen que Stallman propose pour faire du logiciel libre (mettre sous GPL est suffisant pour faire du libre) et son objectif affiché (garantir que les 4 libertés sont disponibles pour tous).

Après quand on voit une contradiction on peut soit faire l’autruche et camper sur la ligne du parti, soit on peut essayer de réflêchir.