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Creative Commons : adoption et liberté

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–  vendredi 3 juin 2005, par Julien Tayon, Raphaël Rousseau

L’organisation à but non lucratif Creative Commons se décrit comme proposant un juste milieu en terme d’offre de licences d’exploitation pour protéger une oeuvre entre, d’un côté, le contrôle extrême exercé par le monde du propriétaire et, de l’autre, une vision « anarchique » (sic) où les créatifs seraient sans protection juridique face à l’exploitation indue de leurs oeuvres. Creative Commons dit par ailleurs s’inspirer des communautés du Logiciel Libre. [1].

Que cette organisation se veuille inspirée par le mouvement du logiciel libre est un fait, cela n’engage en rien les utilisateurs de ces licences. On peut dès lors se demander ce qui se cache derrière un même logo qui renvoie à des licences tantôt libres, tantôt propriétaires ou indéfinies. Nous avons décidé de mettre en image les choix de licences faits par les créatifs pour voir si un contenu placé sous une des licences Creative Commons est plus fréquemment libre ou non libre. Vous aurez ainsi une petite idée de ce qu’il y a vraiment sous l’étiquette.

A partir des chiffres donnés en février 2005, et en appliquant les critères ci-dessous, voici la répartition de l’adoption des licences Creative Commons :

Source des données :
 http://lists.ibiblio.org/pipermail/...

Critères :
 Generic licenses [2] : creativecommons.org, www.creativecommons.org
 Free licenses [3] : GPL, LGPL, by, by-sa, sa, publicdomain
 Non-free licenses [4] : by-nc, by-nc-nd, by-nc-sa, by-nd, by-nd-nc, devnations, nc, nc-sa, nc-sampling+, nd, nd-nc, sampling, sampling+

***

Répartition de l’adoption des licences Creative Commons selon le critère de liberté
Source des chiffres exploités : AlltheWeb (février 2005), ou plutôt http://lists.ibiblio.org/pipermail/cc-fr/2005-February/000295.html

***

Répartition de l’adoption des licences Creative Commons selon le critère de liberté
Source des chiffres exploités : Google (février 2005), ou plutôt http://lists.ibiblio.org/pipermail/cc-fr/2005-February/000295.html

***

Répartition de l’adoption des licences Creative Commons selon le critère de liberté
Source des chiffres exploités : Yahoo (février 2005), ou plutôt http://lists.ibiblio.org/pipermail/cc-fr/2005-February/000295.html

Conclusion

Aujourd’hui, un logo Creative Commons renvoie, quelle que soit la source choisie :
 à une licence libre une fois sur quatre ;
 à une licence propriétaire trois fois sur quatre.

Entre trois et quatre fois plus de créatifs préfèrent les licences propriétaires aux licences libres.

Merci à OpenOffice.org pour les graphiques, Gimp pour le recadrage des captures d’écran, et à Melanie Dulong de Rosnay pour ses chiffres dans la liste de diffusion cc-fr.

[1Lisons la source :
« Taking inspiration in part from the Free Software Foundation’s GNU General Public License (GNU GPL), Creative Commons has developed a Web application that helps people dedicate their creative works to the public domain - or retain their copyright while licensing them as free for certain uses, on certain conditions. »

[2Générique car le lien qui pointe vers le site http://creativecommons.org ne pointe pas vers une licence en particulier, mais vers la page d’accueil. On ne peut faire guère plus que considérer que l’oeuvre est alors placée sous une des licences Creative Commons... Bien entendu, pour l’utilisateur, la prudence est de mise, il vaut mieux donc faire comme si cette licence était la proposition la plus restricive du panel « Creative Commons ».

[3Free désigne ici la liberté de réutilisation des oeuvres de l’esprit, selon des définitions similaires à la Free Software Definition, l’Open Source Definition, les Debian Free Software Guidelines ou les libertés de la Licence Art Libre.

[4Non-free signifie non libre, dans le sens où (au moins) une discrimination est faite sur :
 le contexte des usages de l’oeuvre (ex. : interdiction d’usage « commercial » pour la clause NC) ;
 les personnes qui font usage de l’oeuvre (ex. : discrimination anti-pays développés dans le cas de la licence « devnations ») ;
 la possibilité de faire des oeuvres dérivées (ex. : cas de la clause ND).

forum

  • > Creative Commons : adoption et liberté
    3 janvier 2006, par Keph

    Il aurait été interressant de voir les mêmes analyses avec une rubrique "-nc" distinctes de "non-free", pour voir si certains jouent tout de même le jeu de la libre modification, à défaut d’une liberté "complète".

  • > Creative Commons : adoption et liberté
    8 juin 2005, par nojhan

    Générique car le lien qui pointe vers le site http://creativecommons.org ne pointe pas vers une licence en particulier, mais vers la page d’accueil

    Je pense que c’est faux, ou en tout cas, si de tels renvois existe, ce n’est apparemment pas l’intention de Creative Commons, qui dans sa page du choix de licence, propose le même logo mais pointant vers la page de la licence choisie. Suivez cet exemple pour le vérifier.

    Entre trois et quatre fois plus de créatifs préfèrent les licences propriétaires aux licences libres

    Je trouve le raccourcis « non-libre donc propriétaire » un peu facile... Je pense qu’entre le domaine public et le propriétaire il y a quand même différentes nuances, le non-commercial est certes non-libre, et c’est certes problématique pour la diffusion des oeuvres, mais de là à le qualifier de propriétaire, c’est par trop exagéré.

    Je pense qu’il aurait été justement intéressant de voir la proportion des licences by-nc et by-nc-sa dans la catégorie non libre...

    • > Creative Commons : adoption et liberté
      8 juin 2005, par Raphaël Rousseau

      ...ce n’est apparemment pas l’intention de Creative Commons...

      Je n’ai jamais rien dit de tel, c’est juste que c’est ainsi que les résultats ont été présentés dans le post qui est cité comme source des données.

      [le site Creative Commons]...dans sa page du choix de licence, propose le même logo mais pointant vers la page de la licence choisie...

      Certes, mais ce n’est pas systématiquement suivi. Voir parmi les résultats de la recherche suivante (qui pointe vers la homepage de Creative Commons ?) : http://www.google.com/search?q=link...

      Un premier contre-exemple : http://ccmixter.org/by/munhoz77
      Ce n’est qu’en bas de la page qu’on voit le lien, et ce n’est justement qu’un lien « générique » (vers la home plutôt que vers une licence spécifique). Même si ce n’est pas ainsi que Creative Commons l’avait prévu, des approximations arrivent... dur dur de contrôler tout le monde ! ;-)

      le raccourcis « non-libre donc propriétaire » un peu facile...

      Ce n’est pas un raccourci, mais un synonyme. J’ai repris la terminologie employée pour les logiciels libres, tout simplement.

      Non libre = propriétaire

      Il faut juste comprendre qu’à partir du moment où quelque chose n’est pas libre, c’est qu’une restriction a été posée à sa liberté, donc cette chose reste en partie privatisée par cette restriction au bénéfice de son propriétaire, qui en jouit de manière exclusive. Il n’y a pas lieu de s’en offusquer, à moins de trouver plus plaisant d’être qualifié de libre sans s’en donner les moyens, par exemple en corrompant la définition de la liberté...

      Je pense qu’il aurait été justement intéressant de voir la proportion des licences by-nc et by-nc-sa dans la catégorie non libre...

      Les chiffres sont dispos, si vous voulez en faire des études/graphiques, nos sources sont... ouvertes !

      Pour nous, l’intérêt est perdu dès que l’appropriation collective est interdite par la licence (clauses NC et/ou ND). Pour tout type de connaissance publique, qu’elle soit algorithmique (logiciel), artistique ou informative, revenir sur une des libertés telles que celles décrites pour le logiciel (utiliser, étudier, modifier, redistribuer) revient à en faire un usage limitatif, et garder cette restriction non plus pour le bien commun, mais pour un intérêt privé.

      Ce que je vois surtout à travers l’adoption massive de ces clauses pour les licences CC, c’est le manque de recul de la part des adoptants, qui ne voient pas d’autre moyen de revenu que par la restriction et une gestion d’une rareté arbitraire de leurs travaux. Au lieu de miser sur leur légitimité, ils utilisent les (bonnes ?) vieilles méthodes propriétaires^Wnon libres.

      • > Creative Commons : adoption et liberté
        11 juin 2005, par Elie

        Très intéressant, et ça démontre que les personnes qui proposent des contenus souhaitent le plus souvent en rester propriétaire. Après tout, pour beaucoup de monde le droit de propriété est encore non seulement un droit fondamental, mais le seul qui prévaut.
        Ca démontrerait juste que les valeurs de partage et de liberté ont encore du chemin à faire, ce qui me semble évident. Et Creative Commons n’a rien à voir là-dedans.
        Ceci étant dit, on peut regretter, et vous l’avez fait à notre propos, que des licences propriétaires soit apposées sur des contenus collectifs. On pourrait même, et vous l’avez également fait à notre propos affirmer que ce sont des tentatives délibérées de spolier des tiers, et c’est encore un autre problème.
        L’article est très intéressant et montre la réalité des licences Creative Commons, mais certains raccourcis me semblent quand même bien rapides, notamment sur l’opposition directe et non nuancée entre "non libre et propriétaire", et surtout sur le point de vue concernant le choix délibéré des adoptants, je cite "qui ne voient pas d’autre moyen de revenu que par la restriction et une gestion d’une rareté arbitraire de leurs travaux.".
        Je pense que c’est préter de manière hâtive des intentions aux adoptants, qu’ils n’ont pas ou pas toujours. Un peu de nuance ne ferait pas de mal lorsque vous abordez les "intentions des autres". Ce ne sont que des hypothèses, qui recèlent probablement une réalité bien moins manichéenne que celle que vous présentez à la fin de l’article.
        Il faut bien savoir que tout le monde n’est pas juriste et que tout le monde n’est pas spécialiste du libre et de l’open source. Pour beaucoup de gens, dont je fais partie, le travail et les contenus, et le fait d’arriver à vivre de ceux-ci sont beaucoup plus importants que la restriction et la rareté. Tous les adoptants que vous évoquez proposent des contenus sur Internet et donc au monde entier. Ne serait-il pas bon de préciser que c’est déjà pas mal de proposer des contenus sur Internet, et que c’est TOUT sauf une façon de restreindre la diffusion de ses contenus.
        Mais finalement, au delà des erreurs d’interprétations que pourraient faire les adoptants, ou leurs intentions supposées ou réelles, discutables ou pas, de conserver des droits sur les contenus ou programmes, la grande question qui se pose (et qui se pose pour mon projet) est la suivante :
        Existe t-il des licences CC qui soient des licences vraiment libres ?
        Lesquelles, sont-elles quand même critiquables, et si oui en quoi le sont-elles ?
        Autrement dit CC attribution Share-Alike est elle une licence libre et si oui, quel est votre avis sur la question ?

      • > Creative Commons : adoption et liberté
        12 juin 2005, par cornofulgur

        Salut tout le monde,

        Ce n’est pas un raccourci, mais un synonyme. J’ai repris la terminologie employée pour les logiciels libres, tout simplement.
        Non libre = propriétaire

        L’erreur est là, me semble t’il.

        En fait le vocabulaire est différent selon qu’on considère Debian ou la FSF. La FSF préfère le terme "propriétaire" et Debian préfère le terme "non-libre". Une autre différence importante est le passage de l’adjectif "libre" au nom commun "liberté". Debian a tendance a faire ce passage facilement alors que la FSF rechigne. La FSF parlera d’une "licence de Documentations/Logiciels Libres". Debian préferera parler carrément de "Licences Libres" appliquées à un logiciel/à une doc.

        L’interprétation est proche, subtile mais extrémement précise. Et il a fallu un vote (deux en fait) et de longs débats pour patcher le contrat social debian (- Logiciel Libre , + Libre). Ce ne sont pas des synonymes, je pense que c’est un fork à la sauce LL/Open Source.

        Etant donné que la communauté du LL n’est pas d’accord entre elle sur le vocabulaire, les zélotes des licences CC devraient rester prudents avant de nous prendre en modèle. :-)

        De son côté la communauté du LL pourrait accueillir avec bienvaillance des licences dites CC-Libres même si on sait que la définition ne satisfera pas certains. Si les 3/4 des morceaux de musique ne sont pas éligibles pour rentrer dans Debian, ce n’est pas grave car Debian n’a pas vocation à produire des artistes, AMHA. Les artistes CC sont à la recherche d’un mode de distribution de type P2P, sans passer par des producteurs. Les licences CC correspondent à cette motivation. CC-Libre est synonyme d’autoproduction.

        Historiquement, le monde musical a la primeur de l’emploi du terme "free" : le Free Jazz. Il serait regrettable d’en faire une marque déposée même si nous avons à défendre chacun nos points de vue.

        Comme pour tout texte d’opinion, je ne vois pas d’intérêt à publier un site web sous licence CC. Le droit d’auteur est amplement suffisant. Quand on peut s’éviter des licences à soi et à son lectorat, autant choisir la parcimonie.

        — 
        rfc2119 : The key words "MUST", "MUST NOT", "REQUIRED", "SHALL", "SHALL NOT", "SHOULD", "SHOULD NOT", "RECOMMENDED", "MAY", and "OPTIONAL" in this document are to be interpreted as described in RFC 2119.

        • > Creative Commons : adoption et liberté
          12 juin 2005, par Antoine

          Debian a tendance a faire ce passage facilement alors que la FSF rechigne. La FSF parlera d’une "licence de Documentations/Logiciels Libres".

          Note cependant que la GPL est adaptée à tout type d’oeuvre de l’esprit couverte par le droit d’auteur. C’est une licence générique (Licence Publique Générale), pas une licence spécifique au logiciel.

          • > Creative Commons : adoption et liberté
            12 juin 2005, par cornofulgur

            Salut Antoine,

            Je ne suis pas d’accord. La GPL a été dizaïné pour correspondre à un "programme", de même la LGPL correspond à une "lib". Une fois la licence écrite dans laquelle on a bien expliqué l’objet et son fonctionnement, on la release juridiquement. Ca consiste a appliquer une tournure de généralisation juridique de manière à étendre la portée. C’est technique, ca doit avoir un intérêt quelque part, je sais pas.

            On peut vouloir étendre la portée de la GPL a d’autres gammes mais attention au retour de bâton. Beaucoup de programmes sont actuellement protégés par la Gnu GPL. Si on l’applique à n’importe quoi en interprétant n’importe comment, on prend le risque d’échouer devant un tribunal. Et c’est l’ensemble des programmeurs qui en subiront les conséquences. Si Opquast [1] se fait avoir avec la GPL, c’est la communauté du LL qui se ramassera. Alors pourquoi est ce que Libroscope va embéter les braves gens d’Opquast ? Laissez les donc utiliser une licence CC, il n’y a pas d’enjeu à part notre terminologie. Il n’est pas raisonnable de batailler pour de simples mots.

            Donc je propose au contraire une approche très mesurée des licences. Ne mélangeons pas tout, procédons au cas par cas. C’est le même phénomène pour la licence Art Libre, si on calque dessus autres choses, on réinterprète abusivement les mots qui ont été pensés lors de la création de la licence.

            Tu as aussi raison : la FSF a été tentée par la généralisation *à une époque*. Ils ont renommés la LGPL : Library GPL en Lesser General Public License. Cette époque est je crois révolue. On revient à une catégorisation des oeuvres. Logiciel, doc, musique, protocole, et on définit la liberté au cas par cas. Je ne crois pas que je puisse t’imposer MA vision de la liberté ni toi la tienne. C’est subjectif.

            On a une amorce d’ébauche de critère pour notre définition de la liberté : l’outil, l’utilitaire, le fonctionnel. Ca vaut qu’est ce que ca vaut, mais Libroscope pourrait y voir une limite. D’un coté de la limite, il y a consensus. De l’autre coté, c’est chacun pour soi, mes goûts, mes couleurs, mes libertés.

            [1] http://linuxfr.org/2005/06/10/19109.html

            • > Creative Commons : adoption et liberté
              12 juin 2005, par Antoine

              Salut cornofulgur,

              Je crois qu’il faut distinguer deux choses : ce que permet la GPL, et ce qu’en pense la FSF. La GPL, même si elle a été écrite au départ dans l’optique d’un projet logiciel, est totalement générique : le « programme » protégé par la GPL est n’importe quelle oeuvre de l’esprit couverte par le droit d’auteur. Le « source » au sens de la GPL est la forme préférée pour faire des modifications à l’oeuvre. En fait je trouve la GPL très bien écrite dans cette optique (la LGPL, par contre, est beaucoup moins générique... ce qui explique d’ailleurs son titre de Lesser General Public License ; par charité, on n’évoquera pas le cas de la GFDL ;-)).

              Faut-il utiliser une licence copyleft spécifique pour chaque « type de contenus » ? Pourquoi pas, mais on perd beaucoup en lisibilité, et puis où s’arrête-t-on dans la catégorisation ? « One license to rule them all », c’est un peu utopique mais les 4 libertés ressemblaient aussi à une utopie...

              Maintenant, concernant la GPL, le vrai problème est l’absence de volonté de la FSF - qui est en quelque sorte garante de la force, en tant que standard juridique, de la GPL - de s’engager sur le non-logiciel. Comme je le disais sur la liste fsf-france : « Je pense que ce qui pose problème n’est pas tant la GPL que l’incapacité
              de la FSF à assumer une telle extension de l’utilisation de la GPL (dont
              elle est éditrice et moralement garante), puisqu’elle affirme elle-même
              (RMS en tout cas) n’avoir aucune compétence dans le domaine des oeuvres
              hors-logiciel.
               »

              Concernant le cas Opquast, notre propos n’était pas de reprocher l’utilisation d’une licence Creative Commons, mais d’une licence propriétaire (ou « non-libre » ;-)). Si Opquast passe tout son contenu sous licence libre, c’est une bonne nouvelle. Je préfère personnellement la démarche Art Libre (qui est claire, lisible et sans complications inutiles), mais on ne pas se mettre à sermonner les utilisateurs de BY-SA.

              Bien amicalement

              Antoine.

              • > Creative Commons : adoption et liberté
                13 juin 2005, par cornofulgur

                La GFDL est un bon exemple puisque Debian la catalogue dans non-free alors que la FSF estime que c’est une documentation libre (la FSF ne parle pas de "licences libres", elle traite de licence de bidules libres). Quoi qu’il en soit, malgré ses tares inavouables ;) la GFDL reste une licence populaire qui protège utilement wikipedia, c’est déjà pas mal. J’ai entendu beaucoup de trolls mais peu de personnes se plaignent concrètement. L’influence de wikipedia est surtout crainte.

                Distinguer la FSF de la Gnu GPL, c’est impossible ici. Le Droit Moral protège l’auteur de la Gnu GPL, il faut en respecter le nom et le sens. La Gnu GPL est fournie avec une interprétation, on l’accepte ou alors on utilise une autre licence. Pourquoi ne pas écrire une autre GPL (pas Gnu) avec une autre interprétation en gommant tout ce qui concerne le program, le link, le source ?

                > le vrai problème est l’absence de volonté de la FSF de s’engager sur le non-logiciel.

                De longue date, Stallman s’est prononcé sur les extensions en disant que selon lui ca ne marcherait pas avec des textes d’opinions. Je suis aussi d’accord et c’est juste un avis personnel. Toujours est il que ca veut dire qu’on ne pourra vraissemblablement pas étendre la notion de liberté et garder un consensus. En conséquence il est bon de chercher une limite qui préserve le consensus du LL et au dela de laquelle les jeux restent ouverts. Cette limite ce serait l’outil, l’utilitaire, le fonctionnel. Ca donne déjà une grosse marge de manoeuvre à Stallman pour intervenir sur le DRM, les brevets.

                Au dela, oui. La FSF peut se déclarer incompétente. Mais certains de ses membres prennent individuellement position en disant qu’ils ne sont pas d’accord avec la "liberté" de modifier des textes d’opinions. Je crois que c’est un constat de désaccord, plutot qu’un refus de s’engager.
                Cette fracture semble être sérieuse puisque l’usage du vocabulaire et le sens des mots divergent. On a assisté à de nombreuses tentatives de recollages mais ca persiste. Je pense personnellement et si vous le voulez bien qu’on peut prendre acte de cette divergence de vue. C’est pas grave, on en a connu d’autres.

                Et donc, comment communiquer avec les fans de licences CC ? La méthode de Raphael est questionnable. Il en va de même avec Opquast. Mon point de vue c’est que les licences CC peuvent être considérées comme libres tant que c’est en dehors du domaine outil. J’accepte le point de vue adverse, mais peut on trouver une formulation un poil plus pondérée ?

                • > Creative Commons : adoption et liberté
                  13 juin 2005, par Julien Tayon

                  Je re-prendrais pas le texte dans son ordre, mais je pense qu’il y a quelques précision à apporter :

                  En ce qui concerne la modification des textes d’opinion : le droit moral reste inialiénable et imprescriptible : nul besoin de licence pour faire valoir son droit moral. Il n’existe aucune condition dans lesquelles on puisse reprendre un texte d’une personne et lui faire dire ce qu’elle n’a pas dit sans encourir un procès dans les pays ou le droit d’auteur est respecté c’est à dire dans presque tous les pays de l’OMC.

                  En ce qui concerne la GPL et la FSF : qu’elle soit détentrice exclusives des droits patrimoniaux et moraux sur le texte de la licence ne lui donne pas automatiquement la capacité de se substituer à l’auteur dans le cadre de l’expression de ses droits. La FSF fournit un outil, les gens l’utilisent. C’est pas parce que le savon a été prévu pour se laver, qu’il n’est pas utile pour détecter les fuites de chambre à air. De la même manière, la ré-appropriation de la GPL est possible dans le respect du (c) que la FSF a sur le text. La GPL, les 4 libertés sont de bons outils, et dans la tradition du logiciel libre rien n’empêche de bâtir quelque chose de nouveau en les réutilisant.

                  En ce qui concerne le consensus : le consensus est utile à ceux qui veulent séduire un maximum de personne. Je ne pense pas que le logiciel libre soit un concours de popularité mais l’affirmation de valeurs forte telle que la prévalence de l’individu et de son désir de créer sur la possession de l’idée (clause nc/nd). En tout cas ce n’est pas le nombre qui fait la valeur d’une idée donc rechercher le consensus pour être nombreux n’apportera rien au libre, sauf une perte de lisibilité du message du libre.

                  Le libre c’est comme les AOC, une démarche exigeante qui donne de bons résultats tant que l’on respecte une démarche de qualité. Par contre, cela se casse la figure quand les gens veulent le titre sans faire les efforts. C’est un peu ce que font moults artistes en cc nd-nc qui prétendent diffuser un contenu libre avec des licences non libres.

                  Entre nous, tout n’a pas besoin d’être libre et loin s’en faut. La beauté de ce monde c’est que l’on peut choisir. Par contre, les propos volontairement trompeurs et opportunistes sont pénibles, et étant libre de mes opinions je me permet d’être pénible avec ses gens là dans un esprit de partage, de compréhension et de réciprocité (c’est mon coté samaritain).

                  • > Creative Commons : adoption et liberté
                    13 juin 2005, par cornofulgur

                    Salut Julien,

                    > Le libre c’est comme les AOC, une démarche exigeante qui donne de bons résultats tant que l’on respecte une démarche de qualité.

                    Dans cette optique, tu devrais considérer l’économie de l’effort. Aller modifier les opinions d’autrui ca demandera beaucoup plus d’effort que de prendre ta plume pour critiquer ou pour contre-argumenter. Défendre la liberté de modifier des opinions n’est pas une stratégie intéressante, mieux vaut consacrer son temps à défendre la critique et la liberté de la presse. En se bornant à des outils, on reste dans un monde connu, le domaine scientifique et technique dont on connait les retombées. La communauté du LL est ainsi efficace et fait autorité.

                    En étendant exagérement, le consensus explose en vol, les stratégies divergent. C’est contre productif, l’énergie dépensée ne sert qu’à enfoncer le voisin. Je crois que tu ne peux pas dire de quelqu’un qu’il est faignant parce qu’il refuse de se battre pour obtenir le droit de modifier n’importe quoi.

                    La limite de l’outil est interessante parce que c’est toujours tentant de modifier des outils. La nature humaine aime à se briser les doigts. ;-)
                    Modifier des opinions n’est pas motivant a contrario, ca ne fait pas partie de l’âme humaine.

                    > étant libre de mes opinions je me permet d’être pénible avec ses gens là dans un esprit de partage, de compréhension et de réciprocité (c’est mon coté samaritain).

                    Deux problèmes :
                     c’est dit au nom de la communauté du LL alors que je constate qu’on n’est pas d’accord entre nous.
                     le ton n’est pas adéquat vis a vis de personnes n’ayant pas manifesté l’intention d’être pénibles.

                    Ce sont ces deux points qui me préoccupent. Je ne sais pas si on a une chance de convaincre l’autre camp sur le fond, ni si les arguments seraient passionnants, ca risquerait de prendre des semaines. Mais sur les deux points, je te propose d’avancer, j’espère. :)

                • > Creative Commons : adoption et liberté
                  13 juin 2005, par Antoine

                  Salut,

                  La Gnu GPL est fournie avec une interprétation, on l’accepte ou alors on utilise une autre licence.

                  Je ne suis pas d’accord. Seul le texte de la licence fait foi ; l’interprétation qu’en suggère la FSF n’a de valeur ni morale ni juridique. Par exemple, Torvalds utilise la GPL pour le noyau Linux, sans être en accord avec les recommandations de la FSF (par exemple pour le placement sous version v2 uniquement, ou l’exception de chargement de modules binaires...).

                  Reprendre la GPL sous un autre nom est une erreur monstrueuse, car c’est alors une autre licence qui n’est pas compatible avec l’originale. Or le but du libre est de construire un écosystème, pas des forteresses.

                  En conséquence il est bon de chercher une limite qui préserve le consensus du LL et au dela de laquelle les jeux restent ouverts. Cette limite ce serait l’outil, l’utilitaire, le fonctionnel.

                  Cette limite, qui est difficilement décidable (qu’est-ce qui est « utile », qu’est-ce qui a une fonction ou n’en a pas ? un jeu vidéo, c’est fonctionnel ou pas ? etc.), n’aide pas du tout à appréhender le problème des contenus libres pour les logiciels libres.

                  Stallman a une approche religieuse de la notion de « textes d’opinion » (c’est amusant car Wikipédia, qui est un agrégat de textes forcément subjectifs, s’affranchit de ce questionnement). On résoud facilement le problème en notant qu’il n’y a pas modification d’une oeuvre, mais création d’une nouvelle oeuvre dérivée : c’est ce que dit la licence Art Libre par exemple. L’oeuvre originale n’est pas altérée, détruite, détournée (c’est la hantise de Stallman et de tous ceux qui ont une approche religieuse de la création), il y a juste création d’une oeuvre différente issue de la première.

                  Amicalement

                  Antoine.

                  PS : tu peux m’écrire en privé si tu veux papoter (antoine - chez - pitrou.net)

        • > Creative Commons : adoption et liberté
          12 juin 2005

          « En fait le vocabulaire est différent selon qu’on considère Debian ou la FSF. La FSF préfère le terme "propriétaire" et Debian préfère le terme "non-libre". »

          Navré de te décevoir mais un logiciel ultra propriétaire est aussi considéré comme "non-libre" ;o). Donc on a le même problème mais dans l’autre sens.

          Je n’aime pas non plus le mot "propriétaire" (même pour les logiciels propriétaires) parce qu’il sous-entend que l’on n’est plus propriétaire de ce que l’on a diffusé sous une licence Libre, ce qui est évidemment plus que faux.

          Bref le vocabulaire c’est le vocabulaire et libre à chacun d’utiliser celui qu’il souhaite, surtout lorsqu’aucun, au fond, n’est vraiment le bon choix.

          • > Creative Commons : adoption et liberté
            13 juin 2005, par Elie

            Bonjour,

            J’ai essayé de rédiger une synthèse de ce que j’ai lu ici et là, vous pourrez la trouver dans les commentaires sur le lien cité en référence. Je ne sais pas si c’est la vérité, mais c’est l’analyse que j’en fais.

            Il y a peut-être matière à article, d’ailleurs ;-)

            A bientôt

            Elie

            • > Creative Commons : adoption et liberté
              14 juin 2005, par cornofulgur

              Salut Elie,

              Voila mes suggestions pour Opquast :
              1- pas de licence. Le droit d’auteur suffit. C’est inutile d’encombrer l’esprit des lecteurs avec des licences. Si UNE personne se met à lire la licence plutot que le document, vous aurez perdu votre temps. Le site web devrait encourager les gens à s’exprimer, à faire des requêtes. Ainsi des propositions de redistribution gratuites ou commerciales seront étudiées et acceptées. Il est BON qu’une négociation se fasse, il est MAUVAIS d’avoir un contrat tout prêt, non négociable. L’essor du web s’est fait sans recours aux licences, juste en surfant avec le droit d’auteur (et avec des canons à chartes que personne ne lit ;-).

              2- RFC. L’objectif de publication de l’organisme me semble similaire aux RFC. Proposer des arguments, des protocoles, des idées et inciter le public à aller outre. Dans ce schéma, la RFC est un document lu par beaucoup, modifié par peu (comme un annuaire) ; l’éditeur est important, plus que l’auteur. Comme dans le domaine scientifique et comme dans wikipédia, c’est le travail de relecture et d’imprimatur qui est mis en avant. La licence des RFC me semble a priori adaptée, donc, sinon "libre". Depuis la glorieuse époque de Jon Postel, les RFC se sont institutionnalisées, elles ont leur licence :
              http://www.rfc-editor.org/copyright.html

              3- GFDL. Considérée comme une documentation technique, ca peut marcher. Mais le projet n’est pas à la base technique, il me semble. C’est plus des opinions qui s’expriment. La GFDL est maintenue par la FSF, elle évoluera dans le bon sens. Elle a besoin d’être encouragée plus que de détracteurs.

              4- Demerdenzizicht Licence. C’est la plus libre des licences libres. On peut pas faire plus libre. Fort peu de documents de référence optent pour cette licence, c’est bien la preuve qu’on nous cache quelque chose.

      • > La liberté gagne-t-elle quand on fait des amalgames ?
        23 juillet 2005, par Yann Lebatard

        Je réagis à la formule « non libre = propriétaire ». Cette formule dispense la personne qui l’utilise de penser. C’est donc une formule de paresseux. La paresse défend-elle la liberté ?

        Penser c’est différencier en fonction des circonstances ce qui vaut d’être retenu et ce qui vaut d’être rejeté. Si je définis la liberté comme la capacité que l’homme a, de faire ce qu’il veut, dans le respect de la liberté, ainsi définie, des autres, la propriété que je puis définir comme le fait de posséder de manière exclusive quelque chose, ne s’oppose pas forcément à la liberté.

        L’erreur du communisme à justement été de confondre non libre et propriété. Je puis posséder un stylo, ce n’est pas pour autant que je porte atteinte à la liberté d’autrui. Par contre, si je suis le seul à pouvoir posséder un stylo, là la liberté est interrogée. Mais dans ce cas, est-ce la possession qui pose problème ou le fait que je sois le seul à posséder ?

        Un autre exemple, plus fort encore. Je possède mes organes. Est-ce pour cela que je porte atteinte à la liberté des autres ? (Que ceux qui d’un revers de la main me disent que « ce n’est pas la même chose » acceptent cependant de reconnaître que le traffic d’organes existent, que les organes sont considérés par certains comme des biens d’échanges, et qu’il serait surprenant de défendre la liberté d’échanges des organes sous le prétexte que ce qui doit être défendu c’est la liberté avant la propriété).

        La liberté est une trop belle idée pour être « machouillée ». La propriété est une idée difficile qu’il ne faut pas réduire trop rapidement à la bête noire de l’humanité. Il existe plusieurs formes de propriété : on ne possède pas un objet comme on possède un logiciel, on ne possède pas une idée comme on possède un logiciel, etc. A vouloir tout confondre, on prépare les totalitarismes de demain.

        • > La liberté gagne-t-elle quand on fait des amalgames ?
          23 juillet 2005, par Julien Tayon

          Et en terme de logiciel, la notion de propriété est-elle pertinente ? De même l’est elle en terme de savoir ou de culture ?

          non libre = propriétaire n’a de sens que dans le sens de l’article et du journal. La portée n’est pas sensée dépasser le contexte qui est celui du logiciel, et de la culture voire des savoirs. Vous généralisez peut être nos propos ? Non libre = non conforme aux 4 libertés du logiciel libre, libertés accordées dans le cadre du droit d’auteur. Et quel est d’après vous l’idée derrière les droit d’auteurs si ce n’est de faire de l’auteur le propriétaire d’une oeuvre ?

          Et il me semble que créer une propriété « intellectuelle » n’a souvent aucun sens, et c’est bien ce que certains imaginent faire.

          Est-ce si réductionniste que dire que vouloir être le seul à pouvoir exploiter commercialement un logiciel ou d’une oeuvre de l’esprit c’est s’en déclarer propriétaire ? En effet qui s’accorde seul le droit de décider qui peut avoir l’usufruit d’une chose si ce n’est son propriétaire ?

          Est-ce réductionniste de dire qu’interdire les modifications d’un travail c’est s’en déclarer propriétaire ?

          Sommes nous responsables de l’existence d’organisme s’appelant l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété intellectuelle).

          Sommes nous responsables des projets de loi sur les brevets logiciels, et sur la formulation actuelle des droits d’auteurs ?

          Non à chaque fois. Le mouvement d’appropriation des oeuvres de l’esprit est en marche depuis fort longtemps dans le domaine de la culture, du savoir scientifique et de l’informatique. Il prend juste une dimension qu’il n’avait pas auparavant. Le logiciel libre est à la pointe de la réflexion sur la notion de propriété intellectuelle dans son domaine et de ses aboutissants. Le logiciel libre ne fait que révéler une chose pré-éxistante, et la questionner.

          Le logiciel libre ne propose pas de lutter contre l’appropriation, c’est juste un pari ; le pari que si on se passe de mécanisme d’appropriation dans notre domaine on fera de meilleurs logiciels, car la notion de propriété est contre-productive dans un certain domaine. Pari qui se base sur le choix éclairé d’utilisateurs et de développeurs (on les a pas forcé, hein ?). A votre avis, le pari est-il gagné ?

          Le logiciel libre a justement affirmé l’intérêt d’accorder des libertés dans un régime qui par défaut définit une propriété. non libre = propriétaire est un terme presqu’exact. Je défie quiquonque de trouver un jeu de règles plus restrictifs que celle définies dans le logiciel libre à appliquer au droit d’auteur est d’obtenir que vous puissiez manipulez l’oeuvre de l’esprit issue d’un travail sans avoir à en référer à un quelquonque propriétaire, auteur ou référent (peu importe le nom donné). Il y aurait peut être la libre diffusion : la permission accorder à tous de pouvoir utiliser et redistribuer des copies verbatim d’une oeuvre mais vous n’avez pas le droit de manipuler l’oeuvre (l’étudier et la modifier).

          A titre personnel je n’ai rien contre le fait que des gens fasse des logiciels propriétaires. J’en utilise certains avec plaisir (des jeux évidemment), par contre appelons un chat un chat : ce sont des logiciels propriétaires. Et alors ? Je ne suis pas un moraliste. Ca ne me dérange pas que ça existe, le libre c’est un choix personnel que je ne désire pas imposer, mais proposer.

          A vouloir prétendre que tout est trop difficile à comprendre pour en parler, on finit par ne rien faire quand les « totalitarismes » pointent leur nez. A s’interdire de réflêchir on ne finit par ne plus réagir. Le conservatisme est une paresse intellectuelle qui est sûrement aussi néfaste que la généralisation hâtive.

        • > La liberté gagne-t-elle quand on fait des amalgames ?
          24 juillet 2005

          Si je définis la liberté comme la capacité que l’homme a, de faire ce qu’il veut, [...]

          Cette définition, posée de façon tout à fait arbitraire, n’engage que celui qui l’énonce. D’ailleurs l’homme n’a pas la capacité de faire ce qu’il veut, sauf à réduire volontairement ce qu’il veut à ce qu’il a la capacité de faire...

          Bon, mais quand on voit quelqu’un faire un amalgame entre le droit d’auteur et le don d’organes (et qui lance une mise en garde vis-à-vis des "totalitarismes de demain"), on observe qu’on est en présence d’un troll.