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Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?

La diabolisation de l’argent
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–  mercredi 20 avril 2005, par Raphaël Rousseau

Les licences Creative Commons ont le vent en poupe : elles permettent de diffuser tout type de création de l’esprit (musicale, photographique, illustrative, écrite, filmique, pédagogique...) en choisissant le degré de liberté octroyé au public, ainsi que certaines éventuelles restrictions que l’auteur se réserve.

L’article Creative Commons : Soyons créatifs ensemble est, parmi d’autres, très élogieux au sujet de cette dynamique.

Tout irait pour le mieux dans les meilleures licences possibles si ce n’était cette prolifération, facilitée par les licences CC (Creative Commons), de l’idée que « l’argent, c’est mal ! »©. Je crois qu’on est face à une confusion des genres, qui est extrêmement contre-productive.

Pourquoi lutter contre la diabolisation de l’argent ?

En un mot comme en cent : diaboliser l’argent prive les entrepreneurs sociaux d’une large masse de biens informationnels dans leurs actions.

Le concept d’entrepreneur social concilie l’action militante dans la sphère sociale et la génération de revenus suffisants pour faire vivre décemment un indépendant ou une structure réalisant ces prestations. L’argent n’est alors pas un facteur d’opulence, générateur de fractures sociales ; au contraire : c’est un moyen d’assurer une indépendance et une autonomie à l’entreprise sociale.

Si des ressources disponibles sur Internet (ou via d’autres média électroniques) sont protégées par des procédés juridiques comme la licence Creative Commons - NonCommercial 1.0, CopID ou Charte Document Libre, c’est l’action sociale potentiellement bénéficiaire de ces ressources qui va s’en retrouver affaiblie. Autrement dit, on arrive à se tirer une balle dans le pied !

Paradoxe : la lutte sociale reste marginale et un hobby d’amateurs

Si ces mesures anti-argent se généralisent, avec la meilleure intention du monde, l’activisme social va devoir se cantonner à la sphère associative, en renonçant à l’entrepreunariat social. Tout acteur étant à même de tirer des revenus de son activité militante devra ignorer un pan énorme des richesses informationnelles disponibles sur Internet, au nom de la sacro-sainte « sphère non marchande ». On joue alors le jeu des puissants marchands -hérauts de la mondialisation effrénée- en empêchant les initiatives respectueuses de la planète de profiter de certains biens informationnels souvent précieux. Pire, on peut arriver à la situation paradoxale où la fondation d’une multinationale puisse exploiter des biens informationnels protégés par un moyen légal cité précédemment, alors que les actions de cette fondation sont tournées vers la promotion d’une mondialisation sans limites et celle de la multinationale qui l’a établie.

Et si les principes et méthodes étaient plus valorisés ?

L’argent a acquis, aux yeux de certains activistes, une connotation de péché, de souillure. Cependant, plus que les aspects purement économiques, c’est sur d’autres principes que l’on pourra évaluer l’éthique d’actions, d’organisations ou d’individus. Ce n’est donc pas l’aspect gratuit et payant qui doit être mis comme éventuelle restriction, mais bien des notions de non-appropriation et de non-captivité. On retrouve de tels principes dans la sphère logicielle, avec la GPL ou Licence Publique Générale, qui ne distingue pas l’usage à but lucratif ou non. Par contre c’est la liberté qui est promue par la GPL.

Mais grâce à l’expérience en matière de logiciels libres, on sait que les principes sont facilement bafoués lorsqu’ils ne reposent que sur des outils légaux. En octobre 2001 par exemple, une entreprise américaine (VA. Linux), qui avait mis en place un environnement logiciel libre pour faciliter la coordination des projets de développement de logiciels libres, SourceForge, a décidé de modifier les clauses selon lesquelles elle fournissait ses services, ainsi que la licence avec laquelle elle diffuserait son logiciel d’hébergement de projets. La communauté du logiciel libre, qui avait permis à SourceForge et VA. Linux de gagner en notoriété à l’échelle mondiale, s’est sentie flouée, trahie. VA. Linux avait usé du faux-semblant pour s’attirer les faveurs des hactivistes du logiciel libre : en adoptant ses licences.

Par contre, les aspects méthodologiques sont un indicateur plus fiable car plus engageant. On peut ainsi évaluer la cohérence entre le discours d’un interlocuteur et ses actes. Le logiciel libre a ses canons en matières méthodologiques (étudiés notamment par des groupes et individus comme Libroscope auquel participe votre serviteur), et la sphère sociale doit formaliser les siens.

Conclusion : alors, quelle licence ?

L’exemple SourceForge/VA. Linux est un élément qui contribue à prouver, s’il le fallait, que se cantonner à des aspects juridiques pour faire respecter l’esprit d’un projet libre n’est pas suffisant, et que parfois l’on peut manquer sa cible, comme en interdisant à quiconque, y-compris à des activistes sociaux, de faire intervenir de l’argent autour d’une création, au lieu d’en garantir la libre diffusion dans le respect et l’équité.

Les licences Creative Commons sont à cet égard assez nocives car elles mettent l’accent sur l’aspect économique, en renforçant l’impression (déjà assez répandue) que là se trouve un des noeuds du problème de la diffusion d’information.

Naturellement, on aimerait se fier à un élément simple qui nous garantisse la tranquilité quant à l’usage qui sera fait de nos créations, et le droit nous parait tout trouvé pour nous aider dans ce but. Hélas, il n’y a pas de balle en argent pour tuer les loups-garous qui voudraient abuser de nos biens informationnels.

La solution est donc exigeante ; elle nécessite un effort soutenu de vigilance et de transparence.

On peut également tomber dans le travers inverse, à savoir vouloir ponctionner la sphère marchande dans une vocation de rééquilibrage, mais ce n’est pas non plus une bonne idée. Voir à ce sujet : FPL : la licence libère l’argent ?

Cet article a été republié sur Libroscope après avoir été publié initialement sur Cooperation.net en avril 2004 : http://www.cooperation.net/raph/inf....

forum

  • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
    25 avril 2005, par nojhan

    Il ne faudrait pas pour autant confondre l’existence d’une licence et son utilisation. Certes, l’attribut non-commercial de certaines licences creative commons peut être problématique, mais ce ne ne sont pas pour autant toutes les licences Creative Commons qui en provoquent l’utilisation.

    Les licences Creative Commons répondent à un besoin, une demande de la part de la « communauté ». Est-ce qu’il reviens à un tel organisme de s’ériger en juge et de décider que les besoins des utilisateurs ne sont pas bon, et qu’il faut les forcer à comprendre qu’ils ont tord ?

    Si problème il y a, il n’est pas au niveau de Creative Commons, mais au niveau des utilisateurs, et c’est eux qu’il faut informer.

    Alors, ne tombons pas dans la facilité et évitons de tirer sur l’ambulance...

    • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
      25 avril 2005, par Antoine

      Bonjour,

      Les licences « non commerciales » représentent les trois quarts de l’utilisation des Creative Commons.

      Les licences Creative Commons répondent à un besoin, une demande de la part de la « communauté ».

      Mais de quelle communauté ? Certainement pas la communauté du libre, qui a déjà ses principes (que ne respectent pas les Creative Commons) et ses licences.

      Est-ce qu’il reviens à un tel organisme de s’ériger en juge

      Quel organisme ? L’article ne dit rien de tel.

      Si problème il y a, il n’est pas au niveau de Creative Commons, mais au niveau des utilisateurs, et c’est eux qu’il faut informer.

      Ca tombe bien, l’article est là pour ça !

      Bref, je ne comprends pas trop les reproches faits, il me semble que tu as lu l’article de travers ;)

      a+

    • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
      25 avril 2005, par Raphael Rousseau

      Certes, l’attribut non-commercial de certaines licences creative commons peut être problématique, mais ce ne ne sont pas pour autant toutes les licences Creative Commons qui en provoquent l’utilisation.

      J’espère que tu plaisantes !?

      C’est l’hypocrisie-même ! C’est comme si l’État Français faisait des campagnes contre le tabagisme et en même temps se faisait une manne de la vente de cigarettes ! (ouuups ! C’est justement le cas ;-)

      Sans rire, lorsqu’on fait un texte qui a valeur légale (comme celui d’un contrat ou d’une licence), on y met un esprit qui est souvent placé en préambule. La GPL a un préambule qui explicite l’esprit du logiciel libre. Cf. : http://www.gnu.org/licenses/gpl.html#SEC2

      Si les créateurs des licences CC avaient voulu mettre un état d’esprit qui aille dans le sens du bien commun, et non pas du bien (potentiellement) restrictif de l’auteur, ils l’auraient mis en préambule, et ils auraient fait une FAQ comme la FSF, qui explique pourquoi/comment les questions d’argent : http://www.gnu.org/licenses/gpl-faq.html#DoesTheGPLAllowMoney

      Si problème il y a, il n’est pas au niveau de Creative Commons, mais au niveau des utilisateurs, et c’est eux qu’il faut informer.

      ...on est d’accord, ce sont les utilisateurs qu’il faut former et informer. Par contre, le problème avec Creative Commons, c’est que les auteurs n’ont pas eu pour vocation de faire quelque chose de « libre » dans un sens comparable au « Logiciel libre ». Ils ont préféré jouer le jeu de l’exhaustivité, ce qui fait de ces contrats/licences une dénomination sans âme, sans positionnement, un outil simplement utilitaire.

      Est-ce qu’il reviens à un tel organisme de s’ériger en juge et de décider que les besoins des utilisateurs ne sont pas bon, et qu’il faut les forcer à comprendre qu’ils ont tord ?

      Non, il revient à un tel organisme de prendre position et d’être force de proposition, tout en informant le public qu’ils vise des enjeux liés à leurs créations.

      De toute façon les auteurs ont le choix, en amont du choix d’une licence, entre faire de leur création un bien libre ou pas. Lorsque je vois une création sous licence CC, je ne sais -a priori- pas à quoi m’en tenir (libre ou gratuit ?).

      Lorsqu’on voit l’écasante majorité des création mises sous CC prendre l’attribut non commercial, on voit bien que la pédagogie est passée à l’as ! Il aurait mieux valu une initiavie plus ambitieuse qui mette en avant l’intérêt de la liberté, quitte à avoir un succès moins important numériquement, mais plus franc pédagogiquement parlant. Cela aurait surtout pu être bien plus intéressant pour le bien commun...

      Lorsqu’on a des enfants, si on leur propose de regarder la télé ou d’aller à l’école, que vont-ils choisir ?

      Par contre, si on ne leur parle pas de regarder la télé, mais qu’on leur dit « Allez, on va à l’école ! » (avec entrain), avec les éventuels arguments qui vont avec, ça a beaucoup plus de chances de marcher. C’est ça la pédagogie !

      En exercice, on pourra faire la même chose avec « manger des bonbons » vs. « manger des haricots verts »...

      • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
        26 avril 2005, par nojhan

        On peut également voir l’approche CC dans l’autre sens : amener les gens à se poser la question du libre.

        Si la majorité des demande dispose de l’attribut non-commercial, c’est peut être aussi parce que la majorité des demandeurs n’ont pas une culture du libre.

        À la question « comment amener les utilisateurs vers le libre », CC semble avoir choisi la voie « douce » et proposer (et non imposer) des licences à différents niveaux de liberté.

        À mon avis, croire que tout le monde va choisir des licences libres simplement parce qu’on ne propose que des licences libre relève de l’utopie. Une telle initiative est difficile à faire progresser sans un travail pédagogique énorme en même temps.

        De fait, le sentiment général des utilisateur de licences CC est à mon avis systématiquement propriétaire au départ. Or, CC amène les utilisateurs à se poser la question « et si je libérais plus ? ». Un utilisateur ne connaissant pas le libre et voyant des licences sans clause NC passera simplement son chemin, là où CC lui propose d’évoluer au fur et à mesure de sa connaissance du « libre ».

        Loin de manquer de pédagogie, CC a choisi une méthode progressive. Je dois dire que mon expérience personnelle va tout à fait dans ce sens. Il est en effet extrêmement difficile de faire systématiquement libérer leurs travaux à des créatifs dès le départ. De plus, le travail d’explication préalable est colossal et demande une réelle ouverture de l’interlocuteur, ce qui n’est pas toujours le cas. A contrario, les licences CC permettent de passer une première étape, celle de la « diffusion à tous », l’étape suivante de libération totale passe toujours par la permission « que les autres se fassent du pognon sur notre dos », chose extrêmement difficile à admettre pour quelqu’un ne connaissant pas l’efficacité du libre.

        Bref, il y a là, à mon avis, deux approches, que je pense être complémentaire.

        Et si, plutôt que de vouloir remplacer CC par un hypothétique truc vachement mieux, on proposait tout simplement à CC des nouvelles approches « pédagogiques » pour insister plus sur le libre et sur le danger des clauses NC ?

        • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
          6 mai 2005, par Raphaël Rousseau

           On peut également voir l’approche CC dans l’autre sens : amener les gens à se poser la question du libre.

          Eh non, justement ! On leur dit, en gros, « Libre, c’est surtout une question de diffuser de l’information ! Vous en faite pas, les licence CC sont suffisantes, ne vous posez pas plus questions. ». Bref, on passe exactement à côté du Libre et de sa pédagogie, pour laisser les créatifs dans leurs anciens paradigmes qui vont dans le sens de la pensée dominante : « Si tu donnes, tu te fais avoir. Mieux vaut se protéger pour avoir une chance de t’en mettre plein les fouilles ! ».

           Si la majorité des demande dispose de l’attribut non-commercial, c’est peut être aussi parce que la majorité des demandeurs n’ont pas une culture du libre.

          Exactement. Le hic est que CC ne promeut pas la liberté, mais un ensemble vaste qui fait aussi bien du libre que du non libre, sans distinction, voire en gommant ces distinctions (un seul logo à appposer, c’est juste en regardant vers quoi pointe le lien que l’internaute averti peut faire la différence...).

           À mon avis, croire que tout le monde va choisir des licences libres simplement parce qu’on ne propose que des licences libre relève de l’utopie.

          Je n’ai jamais dit ni pensé cela. Par contre, si le projet est suffisamment attrayant, en prenant un parti résolument libre, alors les créatifs initialement réticents vont se demander pourquoi les libertés ont autant de succès et son aussi attractives pour les autres. Et là, la pédagogie va jouer un rôle central.

          Comment cela s’est-il passé avec le Logiciel Libre ? Des projets et des organisations ont eu beaucoup de succès en adoptant le Logiciel Libre, et d’autres ont fait la démarche de reflexion/adotoption. Par contre, pour tous ceux qui ont fait le choix CC-NC/CC-NC-ND/CC-ND, leur dire « Ah, mais ça suffit pas, il faut plutôt choisir un truc libre. », alors la pédagogie va être bien plus difficile à établir et à passer.

           Or, CC amène les utilisateurs à se poser la question « et si je libérais plus ? ».

          Je n’ai jamais perçu cela. As-tu des liens, des références ? Merci. Je suis preneur !

          Et si, plutôt que de vouloir remplacer CC par un hypothétique truc vachement mieux, on proposait tout simplement à CC des nouvelles approches « pédagogiques » pour insister plus sur le libre et sur le danger des clauses NC ?

          Tu parles de truc hypothétique, mais il existe depuis pas mal de temps une licence, la Licence Art Libre (http://artlibre.org/licence.php/lal.html), loin d’être hypothétique et qui est d’ores et déjà valide dans tous les pays ayant signés la Convention de Berne de (http://aperio.online.fr/faqlal/final/faqlal.html#1 ).

          Je crois que faire encore et encore de telles licences est un bon business pour Lessig et les juristes en propriété intellectuelle, surtout !

          • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
            11 mai 2005, par Aurélien

            Je crois que faire encore et encore de telles licences est un bon business pour Lessig et les juristes en propriété intellectuelle, surtout

            Lessig est bel et bien un juriste spécialisé dans la propriété intellectuelle et les droits d’auteurs.
            Mais prétendre qu’il cherche à faire du businness avec les licenses CC et le mettre dans le même panier que les juristes en propriété intellectuelle (ceux qui se battent pour faire passer les brevets logiciels j’imagine ?) c’est faire preuve de beaucoup d’ignorance. (Désolé d’être un peu agressif mais c’est ce qui me vient à l’esprit)

            • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
              14 mai 2005, par Raphaël Rousseau

              ... le mettre dans le même panier que les juristes en propriété intellectuelle...

              Tu veux que je le mette où, alors ? Parmi les saints, à la droite de Saint iGNUcius ?

              Admettons que je me borne à lire ce qu’il dit de lui-même (Cf. : http://www.lessig.org/bio/short/) :

              Professor Lessig teaches and writes in the areas of constitutional law, contracts, comparative constitutional law, and the law of cyberspace. He is currently planning a course, Law and Virtual Worlds, for Spring 2003 with Julian Dibbell.

              Bon, il est un peu en retard de 2 ans sur son planning (le printemps 2003 est dans le futur d’il y a 3 ans), mais à part ça, il est quand même un peu juriste sur les bords (c’est pas moi qui l’ai traité, ce sont ses propres mots ;-), sans compter qu’il s’adonne aux contrats ainsi qu’aux lois du cyberespace (sûr qu’il n’y a pas de propriété intellectuelle derrière tout ça ?).

              ...les juristes en propriété intellectuelle (ceux qui se battent pour faire passer les brevets logiciels j’imagine ?)

              Mettre tous les juristes en propriété intellectuelle danns le même panier, c’est faire preuve de beaucoup d’ignorance (Désolé d’être un peu agressif mais c’est ce à quoi tu t’exposais ;-).
              Pour avoir bossé ces dernière années au sein de la Communauté du logiciel libre, je peux te dire en avoir croisé des juristes en PI et qu’ils ne se conformaient pas toujours à ton image d’Epinal de méchants promoteurs des brevets logiciels.

              La prochaine fois, tente de ne pas trop imaginer, mais juste de lire ce que ton interlocuteur dit...

          • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
            21 mai 2005, par nojhan

            On leur dit, en gros, « Libre, c’est surtout une question de diffuser de l’information ! Vous en faite pas, les licence CC sont suffisantes, ne vous posez pas plus questions. »

            Malheureusement, je pense qu’il ne faut pas confondre la démarche et le but. Le but avoué de CC est de favoriser la diffusion des oeuvres créatives, pas d’imposer le modèle du libre. Si je comprends bien, c’est pour ça que CC c’est nul... Personnellement je ne considère pas le libre comme une finalité, mais comme un moyen d’augmenter ce qu’on pourrait résumer par un terme comme la « culture ».

            C’est pourquoi, je suis d’accord quand tu dis : « CC ne promeut pas la liberté, mais un ensemble vaste qui fait aussi bien du libre que du non libre ».

            Je crois que tu te trompes quand tu affirme qu’une seule voie est possible pour attirer les gens vers le libre (celle qui prendrait « un parti résolument libre »). Le fait est qu’il n’y as jamais une seule « bonne » façon de faire. Pour prendre l’exemple du logiciel libre, il me semble (à tire d’expérience personnelle) que les gens ayant passé leur logiciel shareware en freeware avant de le libérer, forment une proportion non négligeable face à ceux qui ont libéré leur logiciel directement.

            Tu semble en douter, mais le fait que CC amène les gens à se poser des question est pourtant assez évident, du moins quand je discute avec ceux qui en ont entendu parler, sans connaître le libre en lui même. Ces gens ne sont évidemment pas représentatif de l’ensemble de la population des créatifs, mais ils existent, et il serait vain de les ignorer, sous prétexte qu’ils ne colleraient pas avec notre conception de la bonne liberté.

            Enfin, la licence art libre est certes intéressante, mais par rapport à CC, elle manque justement de ce coté centralisé et flexible. L’avantage de CC est de proposer des licences adapté aux gens, dans un même endroit, il me semble que cela devrait vous plaire, partisants de la limitation de la multiplication des licences :) Si je choisi au départ une licence NC, il se peut que je sois moins réticent une fois mieux informé à passer à une version non-NC de chez CC, plutôt qu’à une obscure licence que je ne connais pas (tout le monde étant réticent à la nécessité d’aborder de nouvelles choses).

            Bref, il ne faut pas jeter la pierre à telle ou telle initiative sous prétexte qu’on ne croit pas que l’approche est la meilleure. D’ailleurs, le succès de Creative Commons est sans doute suffisament parlant. J’aimerais bien comparer le nombre de gens qui ont libéré (sans NC, évidemment) leurs oeuvres via CC et via AL, ne serait-ce pas une bonne façon d’approcher la proportion de gens qui préfèrent telle ou telle pédagogie ?

            Enfin, je tenais simplement à vous encourager à éviter de faire appel à la théorie du complot, c’est généralement la marque d’une argumentation peu pertinente :)

      • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
        11 mai 2005, par Aurélien

        Si les créateurs des licences CC avaient voulu mettre un état d’esprit qui aille dans le sens du bien commun, et non pas du bien (potentiellement) restrictif de l’auteur, ils l’auraient mis en préambule...

        Lawrence Lessig est à l’origine des licences CC. C’est l’un des plus grands défenseurs de la notion de "bien commun". Il suffit de lire ses bouquins ou ses articles pour le savoir.

        Les licences CC permettent la restriction "Pas d’Utilisation Commerciale" c’est ce qui les rend incompatible avec le logiciel libre, avec la GPL ? Et alors, il faut arrêter l’hypocrisie. Ca existe un logiciel commercial sous GPL ?

        Franchement je trouve que ce texte va au-delà du militantisme pour le libre, c’est de l’intégrisme.

        • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
          12 mai 2005, par Antoine Pitrou

          Ca existe un logiciel commercial sous GPL ?

          C’est quoi un "logiciel commercial" ?
          Si tu veux dire quelque chose qui peut rapporter de l’argent à des acteurs, il y en des tas : gcc, MySQL, SPIP... Sans compter les méta-projets type Debian, Ubuntu, Mandrake et al.

          Mais je n’ai peut-être pas compris la question... Il faut dire que le terme "commercial" en lui-même est assez flou.

          • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
            13 mai 2005, par Aurélien

            Merci pour les exemples. Ils sont sous mes yeux mais je n’y pensais pas...
            Mysql est un cas particulier, c’est du dual licensing. La partie "commerciale" (qui rapporte directement des sous) n’est pas sous GPL. Quand à Mandrake ce n’est pas le logiciel qui est vendu, mais le CD, le manuel, le support utilisateur. Bref tout ce qui tourne autour du logiciel.

            • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
              13 mai 2005, par Antoine Pitrou

              Bah, il va être difficile de vendre un logiciel libre (copyleft ou non) s’il est par ailleurs disponible gratuitement sur le Net.
              Ce qui peut être vendu c’est soit :
               des fonctionnalités supplémentaires, éventuellement reversées mais dont le commanditaire a la primeur (ainsi que la garantie qu’elles sont adaptées à ses besoins)
               du service, du packaging, des garanties ou d’autres choses du même type, c’est-à-dire comme tu le dis "tout ce qui tourne autour du logiciel"

            • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
              14 mai 2005, par Raphaël Rousseau

              Pourquoi s’acharner à vouloir vendre du logiciel ?

              C’est écrit dans quel texte sacré ou est issu de quelle loi naturelle ? La vente n’est pas consubstantielle aux logiciels ! D’ailleurs, les logiciels d’éditeurs ne représentent qu’une faible part des logiciels produits dans le monde.

              Si tu veux savoir comment faire du business avec des logiciels libres, lis « Le Chaudron Magique » :
              http://www.linux-france.org/article/these/magic-cauldron/magic-cauldron-fr.html

              • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
                15 mai 2005, par Laurent

                Pourquoi s’acharner à vouloir vendre du logiciel ?

                Peut-être tout simplement parce que c’est un modèle économique qui a fait ses preuves ?

                D’ailleurs, les logiciels d’éditeurs ne représentent qu’une faible part des logiciels produits dans le monde.

                D’après ESR (qui ne cite aucune source), les logiciels d’éditeurs ne représentent que 5%. Le problème c’est que les 95% restants, développés en interne, n’ont aucun intérêt à être diffusés, la probabilité que des contributeurs externes viennent aider l’entreprise Dugenou à débugger son système d’information est nulle. Les logiciels libres sont en fait sur le même créneau que les logiciels d’éditeurs.

                Si tu veux savoir comment faire du business avec des logiciels libres, lis « Le Chaudron Magique

                Je viens de relire ce texte, franchement c’est à pleurer ! Le texte n’est qu’une suite d’affirmations péremptoires ("tout le monde sait que", "il est évident que", ...), il s’invente des adversaires imaginaires pour mieux démonter leurs prétendus arguments le tout en passant son temps à se citer lui-même.

        • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
          14 mai 2005, par Raphaël Rousseau

          Lawrence Lessig est à l’origine des licences CC. C’est l’un des plus grands défenseurs de la notion de "bien commun". Il suffit de lire ses bouquins ou ses articles pour le savoir.

          Je ne doute pas du fait qu’il soit en faveur du bien commun, mais cela ne l’empêche pas de partir en vrille... Je n’attaque pas tant le bonhomme que le produit auquel il est arrivé et que beaucoup ont suivi sans se poser de question, justement parce que « C’est l’un des plus grands défenseurs de la notion de "bien commun" » et que ça suffisait à légitimer toutes ses initiatives...

          Et alors, il faut arrêter l’hypocrisie.

          Laquelle ? Celle qui consiste à dire que le logiciel libre permet d’en vivre bien qu’on ne puisse se l’approprier de manière exclusive ? Après avoir bossé 5 ans en société de services exclusivement autour des logiciels libres, je t’assure qu’il ne s’agit pas d’une hypocrisie.

          Il faudrait aussi songer à arrêter l’hypocrisie qui consiste à croire que les logiciels sont produits par de gentils éditeurs pour le plus grand bien de l’Humanité et qu’ils sont forcés de mettre 2 ou 3 restrictions bénignes sans lesquelles des méchants iraient manger dans leur assiette.

      • > Non commercial : est-ce cela qui importe dans les Licences dites “Libres” ?
        12 juin 2005, par Nicolas Patris

        Bonjour,

        Dans l’ensemble, je soutiens votre position et votre critique des creative commons, cependant, je ne suis pas tout à fait d’accord avec votre conception de la pédagogie, surtout lorsqu’il s’agit d’adultes : je pense en effet qu’il serait plus pédagogique d’expliquer pourquoi le choix d’une licence non commerciale a pour conséquence la perte de son caractère libre, au lieu de tout simplement l’éliminer de facto des choix possibles. C’est que je préfère tenter d’expliquer les raisons pour lesquelles il vaut mieux manger des légumes que des bonbons plutot que d’ignorer qu’il existe des bonbons, sachant que nous vivons dans une société où existent ces bonbons et qu’ils se trouvent dans n’importe quel magasin alimentaire (ce qui ne veut pas dire par ailleurs qu’on ne doit pas lutter pour supprimer les produits chimiques de tels produits... ).
        Ceci n’enlève rien au fait que la philosophie du site creative commons ne va pas dans ce sens là, mais bien a des fins utilitaristes (par la présentation de plusieurs contrats-types faciles à mettre en place) et dans ce sens-là la légitimité d’un tel site peut sans doute être remise en cause...

        Amicalement.
        Nicolas Patris.